Antonin Varenne – Le mur, le kabyle et le marin

562838_728400457175875_222697924_n4ème de couv.

Le vieux approchait. Le Mur accéléra pour le croiser à la hauteur du parking souterrain. Tape pas trop fort George, ne va pas le tuer, l’ancêtre, reste calme. Bendjema s’arrêta et se redressa. Qu’est-ce qu’il fout, bordel ? s’inquiéta le boxeur en ralentissant.

C’était un sac d’os. Autour des yeux, au-dessus des pommettes hautes, des rhizomes de rides profondes.
Les lèvres de l’Arabe tremblèrent :
– Qui vous envoie, monsieur ?
Crozat était pétrifié. Une fatigue centenaire embrumait le regard du vieux.

– Vous ne savez pas ? Si vous voulez, je peux vous expliquer. Depuis le tabassage d’Alain Dulac, je savais que je serais le suivant.
– Vous avez une arme dans votre poche ?
– J’ai bien plus que cela, monsieur, j’ai une guerre.»

Ce que j’en pense:

Antonin Varenne nous propose un roman alterné, où les 2 protagonistes évoluent à des époques différentes :

1957 : Pascal Vérini, appelé en Algérie et affecté par mesure disciplinaire dans un DOP (Dispositif Opérationnel de Protection), en réalité une unité chargée d’interroger des individus de tous âges et de leur arracher les renseignements par la torture.
Ces deux trajectoires finiront par se retrouver dans le temps présent, offrant à chacun d’eux une possibilité de justice et de rédemption.

2009 : Georges Crozat, dit « Le Mur », boxeur vieillissant, « presque pas flic », qui continue à boxer pour arrondir ses fins de mois et se payer des prostituées, et finit par accepter des contrats pour tabasser les personnes qu’on lui désigne.

Un roman coup de poing, très noir, qui dès le premier chapitre vous accule dans les cordes et ne vous laisse plus un moment de répit, jusqu’à son épilogue ou vous vous retrouvez sonné pour le compte.

Admirablement bien écrit, cette période de la guerre d’Algérie est très bien décrite, avec les excès de l’un et de l’autre camp, les interactions entre les anciens tortionnaires, la politique, les réseaux d’influence.

Plus qu’un roman noir, ce roman est un vibrant hommage de l’auteur à son père qui a connu et subi, comme toute une génération de jeunes Français à l’époque des «évènements d’Algérie », le traumatisme d’une guerre qui ne voulait pas dire son nom.

J’ai beaucoup aimé ce roman, une de mes meilleures lectures pour 2013.

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