Après vingt-quatre années au bureau du shérif du comté d’Absaroka, Walt Longmire aspire à finir sa carrière en paix.
Ses espoirs s’envolent quand on découvre le corps de Cody Pritchard près de la réserve cheyenne. Deux ans auparavant, Cody avait été un des quatre adolescents condamnés avec sursis pour le viol d’une jeune Indienne, un jugement qui avait avivé les tensions entre les deux communautés. Aujourd’hui, il semble que quelqu’un cherche à venger la jeune fille. Alors que se prépare un violent blizzard, Walt devra parcourir les vastes étendues du Wyoming sur la piste d’un assassin déterminé à parvenir à ses fins.
Ce que j’en pense:
Je fais connaissance avec Craig Johnson par le biais de ce roman, le premier de la série consacrée à son héros Walt Longmire.
Avec la découverte du cadavre de Cody Pritchard, il s’avère que l’enquête promet d’être un brin compliquée pour Walt. L’arme et le calibre utilisés, ainsi que la plume d’aigle près du corps, semblent orienter l’enquête vers la nation Cheyenne, ce qui paraît vraiment trop évident.
Notre shérif, depuis le décès de sa femme 4 ans plus tôt, a une tendance certaine à se laisser aller. Sa relation avec sa fille adulte est un désastre, et sa vie sentimentale et sociale un désert. Seul Henry Standing Bear, son vieil ami indien, avec qui il a en commun l’expérience de la guerre au Vietnam, arrive encore à avoir sur lui une certaine influence, pour le « civiliser » un peu.
La victime, un des violeurs de Melissa Little Bird, n’avait montre d’aucun remords pendant le procès. Son attitude avait même exacerbé la rancoeur des habitants de la réserve indienne. Il y a donc bon nombre de suspects pour garder Walt et son équipe occupés pendant une bonne partie de l’histoire. Également assez de fausses pistes, de mensonges dispensés au fil des chapitres pour nous tenir en haleine tout au long du roman.
Situé dans des paysages sauvages, dans la petite ville d’Absaroka, le charme de ce roman tient à ses personnages, pour la plupart des solitaires ou des excentriques. Chacun des personnages prend sa place dans l’histoire, et comme c’est le premier roman d’une série, on se doute qu’ils vont prendre de l’importance au fil des épisodes suivants : De Ruby, la réceptionniste du bureau du shérif, et Henry Standing Bear, son vieil ami indien, qui est un peu sa conscience, à Vic Moretti, son adjointe fraîchement débarquée de la côte est et dont il est clair qu’elle pourrait lui succéder. Tous les personnages sont fascinants et l’auteur a le don de leur donner du réalisme et de la vie aux yeux du lecteur.
L’écriture est sobre, pleine de petites touches d’humour. L’intrigue très bien construite, menée à un rythme loin d’être endiablé mais c’est ce rythme-là qui convient à ces grands espaces majestueux. Johnson a une maîtrise parfaite du cadre des montagnes du Wyoming et nous offre une belle atmosphère pour situer l’histoire et y faire vivre ses personnages.
Les montagnes, les plaines, les arbres, les différents visages de la neige qui tombe, en flocons ou en blizzard, tout cela s’écoule dans effort du stylo de Craig Johnson. A l’instar d’un James Harrison, James Crumley ou James Lee Burke, il dépeint avec beaucoup de tendresse les habitants de ces terres sauvages où la nature, malgré sa beauté reste très dure envers les hommes qui pourraient la sous-estimer.
C’est aussi une peinture d’une certaine Amérique, où les Indiens sont toujours victimes d’un racisme plus ou moins conscient. Est également abordée la question de leur difficultés d’intégration. Mais l’auteur ne tombe pas dans l’erreur du stéréotype de « l’Indien », avec son cortège de problèmes sociaux dont le personnage de Little Bird, la petite fille attardée souffrant d’alcoolisme fœtal, est un criant exemple. Les Indiens qu’il nous donne à connaître sont avant tous des gens normaux, avec des problèmes humains.
Le titre original » A cold dish » (un plat froid), fait référence à la vengeance:
« Je me mis à penser aux vieux Cheyennes… Ce n’était pas que la vengeance était un plat qui se mangeait de préférence froid, c’était un plat qu’il valait mieux ne pas servir du tout. Je pensai à ce que voulaient vraiment les vieux Cheyennes. Les morts veulent seulement la même chose que les vivants: qu’on les comprenne. »
Une très bonne lecture qui, pour ma part, ne restera pas sans suite. Je recommande sans réserve.
L’auteur :
Craig Johnson, né le 1er février 1961 , est un écrivain américain, auteur de romans policiers, connu pour sa série de romans et de nouvelles consacrés au shérif Walt Longmire.
Avant d’être écrivain, il exerce différents métiers tels que policier à New York, professeur d’université, cow-boy, charpentier, pêcheur professionnel, ainsi que conducteur de camion et il a aussi ramassé des fraises. Tous ces métiers lui ont permis de financer ses déplacements à travers les États Unis, notamment dans les États de l’Ouest jusqu’à s’installer dans le Wyoming où il vit actuellement. Toutes ces expériences professionnelles lui ont servi d’inspiration pour écrire ses livres et donner ensuite une certaine crédibilité à ses personnages.
(Source: Wikipedia)
Voilà une chronique complète et qui donne très envie 🙂
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Ça m’a donné envie de découvrir les autres, et de voir la série TV…
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j’aime à découvrir des horizons, des us et coutumes différents de ce que je connais…. une incursion dans le monde améradiens (je lis actuellement la fille de femme araignée de ann hillerman) m’enchanterait bien…. merci pour ce bel avis
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Dans la famille Hillerman, tu peux aussi lire les romans de Tony (le père), créateur des personnages de Jim Chee et de Joe Leaphorn, les deux sergents détectives de la tribu Navajo. « La voie de l’ennemi » et « Le peuple de l’ombre » commencent une trilogie consacrée à chacun d’eux…
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Lu et adoré !! Pour Hillerman, pas réussi à entrer dans le roman. Je recommencerai un autre jour, quand je serai à « ça ».
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Lequel ma belette, les Anne Hillerman, ou les Tony? 🙂
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Tony ! 😉
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Faut que je me le fasse le Craig un jour ! (en tout bien tout honneur, hein) ! Ta chronique me le confirme vraiment
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C’est un genre qui me plaît aussi beaucoup, le polar ancré dans les grands espaces…
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Tu ne vas pas me croire : je l’ai et je ne l’ai pas lu ! pas encore ! Alors, ne t’étonne pas si tu le vois apparaitre dans la rubrique oldies dans quelques années ! Amitiés
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Oh… Tu n’attendras pas aussi longtemps, j’espère. Quoique le problème récurrent de nos PAL, c’est qu’il y a toujours des nouveautés qui viennent te tenter et prendre le devant de la scène…
Et ton déménagement est toujours en cours, je vois. Un travail de romain!
Amicalement.
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Quelle osmose mon ptit Papa!! Ce livre est dans ma PAL héhé!!!! Tu me donnes envie en tout cas 😉
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Tu peux!!! Il est très bien… 🙂
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