Serguei Dounovetz – Born Toulouse Forever

Born toulouse4ème de couv.

Mon nom est Java, Niki Java, j’aime les filles tatouées qui font du karaté et sentent le patchouli et les perroquets, sans trop de flotte ! Accessoirement, je suis rédac-chef dans un grand quotidien du soir de Toulouse. Quand on m’a piqué le manuscrit de cet ancien taulard recyclé dans le roman noir, je n’imaginais pas me retrouver face à un gang d’allumés, qui logeaient à la prison Saint-Michel pour y préparer le casse du siècle. Et comme je ne suis pas Mike Hammer, mais plutôt de l’école de Nick Belane, j’ai fait appel à mon copain, le commissaire Zamponi. Mais l’on ne réveille pas impunément les fantômes de la ville rose…

 

Ce que j’en pense :

L’action de ce polar se situe entre Toulouse et Montpellier, sœurs jumelles et rivales qui se disputent le leadership de la province du Languedoc, où les régionaux reconnaîtront sans peine des lieux qui leur sont familiers.

Niki Java est rédacteur en chef du quotidien du soir régional, « Le Minuit libéré », le journal aux idées aussi larges que les chiottes de Mustafa Kemal Atatürk, votre dernier espace de liberté où l’on expose sans voile les idées. Sa carrière est au point mort, menacé de pointer au chômage s’il ne déniche pas un scoop qui lui permettrait un retour dans les bonnes grâces de son patron.

C’est un grand amateur de perroquets, pas de la famille des psittacidés, mais plutôt de ceux que l’on trouve dans les bistrots, composés de pastis et de sirop de menthe. Il grille une soixantaine de clopes par jour et il n’est pas un modèle en matière d’hygiène de vie, ce qui n’est pas sans lui causer quelques soucis avec sa dulcinée.

Il va se trouver embarqué dans une enquête plutôt biscornue, avec la bande du Busca, trois pieds nickelés quinquagénaires purgeant une peine de semi-liberté à la prison Saint-Michel, amis d’enfance du Commissaire Zamponi, qui ont foiré quasiment tous les coups qu’ils ont montés et qui ont passé l’essentiel de leur vie d’adulte derrière les barreaux. Le dernier grand coup dont ils rêvent tous, qui verra l’apothéose de leur carrière, c’est de braquer un fourgon de lingots de la Banque de France.

Le style de l’auteur, imagé et plein d’humour, n’est pas sans me rappeler mes lectures d’antan, avec des personnages hauts en couleurs qui auraient pu naître sous la plume de San Antonio, et des expressions dignes d’Audiard. « Mais je peux t’assurer que ce ne sont pas des miettes qu’on va ramasser. Tu vas rentrer à Montpellier avec les couilles en or massif….. Le fion, les valseuses, tout ce que tu veux Francisco, ta vie va être en plaqué or. Même quand tu péteras y aura des gonzes derrière ton cul pour ramasser la poussière. »

La galerie des personnages est à elle seule une anthologie des « figures imposées » du polar populaire : le détective alcoolique qui s’applique à se démolir, Zamponi, le flic en bout de course, Pamphile de la Vieille Bombe, jeune flic dévoré par l’ambition et Josélita la putain au grand cœur.
Les truands aussi, Monseigneur (comme la Pince du même nom), Mainfroide et Bridge toutes ses ratiches en façade refaites à l’or jaune, ne déparent pas en cette truculente compagnie.

Iconoclaste à certains égards, ce Montpelliérain d’adoption égratigne joyeusement le mythe de « Montpellier la surdouée » chère à Georges Frèche. « Montpellier, un bled surévalué, le vingt-et-unième arrondissement de Paris, comme disaient quelques Marseillais qui avaient encore le sens de la formule…. Etouffée par sa propre attraction, proche de l’implosion, branchée sur 220 et ne tolérant que le 110 ».
Un roman sympathique, qui revisite avec bonheur tous les codes du polar. Délicieusement immoral et vraiment réjouissant !

Éditions Mare Nostrum 2008

L’auteur :

dounovetzNé en 1959 à Ménilmontant, Serguei Dounovetz est un auteur de romans policiers et scénariste français. Il vit à Montpellier depuis 1990. Il est le créateur de la série « Niki Java ».
Il a usé sa Fender Mustang dans un groupe de rock, tourné des courts-métrages expérimentaux, travaillé comme machiniste au Lido, d’où son goût immodéré pour la plume, avant de publier une douzaine de romans noirs. Depuis le printemps 2007, il dirige la collection « Polar Rock » chez Mare Nostrum. Niki Java traque la banque, son dernier roman, est sorti en 2014 chez Syros

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