Michael Connelly – Ceux qui tombent

Mon ressenti:

Dans ce 17ème (à mon compte personnel) opus des aventures de Harry Bosch, Michael Connelly, nous propose pour le même prix, non pas une mais deux enquêtes menées de front : Bosch, maintenant affecté à la section des crimes non résolus, travaille à une enquête sur la mort de Lily Price, une jeune fille victime d’un crime sexuel, survenu 25 ans plus tôt. Lors du réexamen des pièces à conviction, avec les moyens modernes, l’ADN contenu dans une goutte de sang est identifié. Mais l’individu concerné était âgé de 8 ans au moment des faits !!!

Parallèlement à cette enquête, par le jeu de diverses pressions politiques, on lui confie un autre dossier : George Irving, le fils de son meilleur ennemi, le conseiller Irvin Irving, a été retrouvé mort après une chute de 7 étages de la chambre qu’il occupait à l’hôtel Marmont. Et c’est ce même conseiller qui a expressément demandé que Harry Bosch soit chargé de l’affaire. Il accepte à contrecœur, mais en dictant ses conditions : c’est son enquête, et il ne rendra pas de compte aux politiques, seulement à sa hiérarchie.

Michael Connelly, un roman après l’autre, nous offre un portrait saisissant de Los Angeles et de ses environs. Los Angeles, ville de tous les mirages, de Hollywood et du cinéma, mais aussi de bon nombre de frustrés, de losers et de laissés pour compte.

Harry Bosch, policier expérimenté s’il en est, personnage rebelle, toujours en conflit avec sa hiérarchie, mais enquêteur brillant pour qui seule compte la vérité, plein d’empathie pour les victimes, vient de se voir accorder 39 mois de prolongation d’activité avant sa mise à la retraite, un ballon d’oxygène sur le plan financier pour pouvoir aux besoins de sa fille Maddie, maintenant âgée de 15 ans et qu’il élève seul.

Dans le travail de police, c’est un dinosaure. Au temps de l’informatique et de l’internet, il travaille encore à l’ancienne, avec carnet et stylo. Et toute la procédure est regroupée dans son  « livre du meurtre », un classeur dans lequel il consigne toutes les pièces.
L’enquête sur la mort du fils Irving va vite se trouver propulsée au premier plan, et donner l’occasion à l’auteur l’occasion d’une violente critique contre les ingérences du politique sur la scène publique, de l’importance du lobbying érigé en système de corruption à tous les niveaux. L’importance grandissante des média y est également évoquée.

Ce roman est un des plus émouvants mettant en scène Bosch. Harry nous apparaît vieillissant, taraudé par la crainte de la retraite, et accueille avec joie cette prolongation de carrière qui lui est proposée, car bien que son métier le confronte tous les jours à ce que l’être humain peut montrer de plus abominable, il aime son boulot, et comme lui dit Kiz :
»C’est pour ça qu’on fait ce boulot. A cause des individus dans son genre. Les monstres de cet acabit ne s’arrêtent que lorsque nous, on les arrête. C’est noble, ce qu’on fait. Ne l’oublie pas. Pense seulement à toutes les victimes que tu viens de sauver. »…. « il comprenait à présent que la mission ne prendrait jamais fin. Elle serait toujours là et il y aurait toujours du travail à accomplir. Son genre de travail à lui. C’est pour ça qu’on fait ce boulot «

C’est aussi l’occasion de nous décrire l’épanouissement de sa relation avec sa fille Maddie, qui veut être flic, et qui a de sérieuses dispositions pour le métier. Sa toute nouvelle proximité avec elle lui fait voir le monde, et sa mission, d’un œil différent.
« Il regarda la victime et ne put s’empêcher de penser à sa propre fille qui, à quinze ans, avait, elle, toute sa vie devant elle. Il avait été un temps où regarder ce genre de clichés le faisait démarrer, lui donnait toute l’énergie dont il avait besoin pour ne jamais lâcher. Mais depuis que Maddie était venue vivre avec lui, il lui était de plus en plus difficile de regarder des photos de victimes. »

Les personnages sont très bien dessinés, psychologiquement très fouillés: l’antipathique Irvin Irving, qui a avec Bosch un contentieux vieux d’une dizaine d’années, son ancienne équipière Kizmin Rider qui travaille maintenant auprès de la direction du LAPD, son coéquipier David Chu un policier plutôt ambigu, Clayton Pell, enfant maltraité et violé, qui aura un rôle décisif dans l’enquête sur le meurtre de Lily Price, et Maddie Bosch, fine mouche, qui prend vraiment une réelle épaisseur .

L’auteur a gardé de son passé de journaliste une capacité à décrire, avec une précision quasiment documentaire et une grande rigueur, toutes les étapes des diverses procédures policières, avec un luxe de détails, lesquels s’ils sont fort utiles pour saisir toutes les éléments d’une enquête, enlèvent au roman un peu de fraîcheur et de spontanéité.

Mais, ne boudons pas notre plaisir ! C’est toujours une grande joie que de retrouver Bosch, témoin de la société qui l’entoure. Même vieillissant, on l’aime encore, car il nous apparaît plus vulnérable, plus touchant et plus humain.
Et si Michael Connelly et son personnage s’émoussent au fil du temps et ne nous réservent plus beaucoup de surprises, l’auteur reste un formidable « storyteller », qui fait de ce roman un très bon cru.
Je recommande aux fidèles d’Harry Bosch… et aux autres !

Éditions Calmann-Lévy, 2014

4ème de couv.

ceux-qui-tombentBosch vient de décrocher un sursis de trois ans avant d’être mis à la retraite d’office lorsqu’il se voit confier un cold case datant de 1989. Viol suivi de meurtre, ADN, antécédents judiciaires et profil psychologique, tout incrimine un certain Clayton Pell. Un suspect… qui n’aurait eu que huit ans au moment des faits. Erreur du labo ou faute impardonnable de deux inspecteurs ? Les conséquences de ce cafouillage s’annonçant monumentales, Bosch se met immédiatement au travail lorsqu’il est appelé sur une scène de crime. Un homme se serait jeté du septième étage du célèbre hôtel de Los Angeles, le Château Marmont. La victime, George Irving, est le fils d’un conseiller municipal très influent à L.A., un homme qui n’a jamais porté Bosch dans son cœur. Pourquoi exige-t-il que ce soit lui qui mène l’enquête ?
Deux intrigues menées en parallèle, l’une révélant la corruption de politiciens obnubilés par leurs profits, l’autre la monstruosité de prédateurs sexuels, et une description de Los Angeles qui fait froid dans le dos.

L’auteur :

MichaelConnelly444Michael Connelly, né en 1956, est l’un des principaux écrivains américains de romans policiers, relatant notamment les enquêtes de son héros récurrent Harry Bosch.
Il est diplômé en journalisme de l’Université de Floride, en 1980. En 1986, il est le coauteur d’un article sur les rescapés d’un crash d’avion, qui figure parmi les finalistes pour le prix Pulitzer, ce qui lui permet de devenir chroniqueur judiciaire pour le Los Angeles Times.
Il se lance dans la carrière d’écrivain en 1992 avec Les Égouts de Los Angeles, son premier polar, où l’on découvre le personnage de Harry Bosch, inspecteur du LAPD, le héros récurrent de la plupart des romans suivants. Il reçoit pour ce livre le prix Edgar du meilleur premier roman policier.

A noter la récente adaptation de Bosch en série TV, dont il est (évidemment!!!) co-scénariste et coproducteur.

(Source : Wikipedia)

29 réflexions sur “Michael Connelly – Ceux qui tombent

  1. J’ai lu des Connelly mais curieusement jamais de Harry Bosch. Si quand les premiers tomes sont sortis, il faisait figure d’original, j’ai un peu l’impression qu’il est aujourd’hui assez quelconque finalement. Il y a beaucoup d’enquêteurs solitaires, plus ou moins grincheux, en conflit avec pas mal de monde, qui mènent leurs enquêtes contre l’avis de tous et finissent par l’emporter à cause de leurs méthodes hors normes… et qui ont un petit coeur (de père, de fils) qui bat. Bon je schématise, mais tu comprends certainement…

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  2. J’ai tellement de retard avec Harry Bosch que je désespère de pouvoir le combler un jour. Ta chronique me donne bien évidemment envie de « sauter » l’ordre chronologique et de rencontrer ce Harry vieillissant. Amitiés.

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  3. autrefois grand fan de cet écrivain ( je guettai chaque année son nouveau roman pour me jeter dessus), j’ai été par la suite été déçu de ses romans. Il semblerait toutefois que ses deux derniers romans soient de la qualité de ce de sa grande époque. Je me laisserai sans doute tenter à l’occasion. Mais si je suis déçu je pense que ce sera là le point final de mon intérêt pour lui.A voir donc.Amitiés

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