Mon ressenti:
Le 7ème péché, 7ème roman… C’est le Docteur K, médecin hospitalier et néphrologue, qui signe lui-même notre fiche d’admission à l’hôpital, dans un milieu qu’il connaît bien pour y avoir longtemps pratiqué.
Christian Arribeau est un jeune médecin néphrologue, tellement arriviste et obsédé par sa réussite qu’il a organisé toute sa vie dans ce but, en épousant Céline Dureuil, fille du doyen de la Faculté. Après avoir écarté tous ses rivaux potentiels, il est en passe d’être nommé Professeur des Universités-Praticien Hospitalier (P.U-P.H).
« J’avoue que les malades ne me préoccupaient gère. Il ne manquait heureusement pas de « petites mains » dans le service pour s’occuper des consultations, ce qui m’a toujours paru un peu secondaire. Je préfère la gloire à la reconnaissance des patients qui, au demeurant, en manifestent de moins en moins ! »
Pour fêter sa promotion quasiment acquise, il se rend chez Delphine, son ancienne maîtresse, maintenant handicapée avec qui il a gardé une tendre complicité. Vers minuit, après quelques flûtes de champagne, et un brin euphorique, il prend sa voiture pour rentrer chez lui et…
« J’écrasai la pédale de frein, dérapai sur la chaussée humide et sentis un choc sourd qui se répercuta jusque dans la colonne de direction. Je crois que je m’en souviendrai toute ma vie… Puis la roue avant droite buta sur quelque chose de mou, franchit l’obstacle et, après une grosse secousse, la voiture cala. »
Le SDF qui vient de se jeter sous ses roues est mort. Il n’y a plus rien à faire. Par peur des conséquences, Christian prend la fuite, et quelques rues plus loin, est impliqué dans un accident de la circulation qui intervient à point nommé pour gommer les traces du choc précédent sur son véhicule.
Quelques jours plus tard, il reçoit dans sa boîte aux lettres une photo de lui, penché sur le corps du SDF, qui ne laisse aucun doute sur son identité. Et à partir de ce moment va s’amorcer une sorte de chantage. Les photos suivantes seront de plus en plus précises et explicites. Qui peut-bien être derrière cette machination ? Le succès attire toujours l’envie et Guérat, l’autre praticien hospitalier qui visait le poste, et qui lui voue une haine féroce, ferait un suspect tout à fait probable.
La pression encourue par le médecin, les rumeurs quant à son accident, sa possible séparation d’avec la fille du doyen, fragilisent encore sa position et rendent improbable cette nomination tant espérée. Les photos continuent à arriver et la descente aux enfers continue de façon inéluctable… Comment va-t-il bien pouvoir se sortir de cette affaire ?
Le Docteur Arribeau est absolument imperméable à toute émotion, même son mariage avec Céline a toute l’apparence d’une obligation contractuelle. Seule Delphine, peut-être parce qu’elle détient la clé de son passé, arrive à percer sa carapace. Et malgré tout, et en dépit de ses multiples défauts, on est touchés par la somme des malheurs qui s’abattent sur lui, et qui finissent par nous le rendre un peu plus humain.
On peut également se poser la question de savoir si ce docteur sortira de cette aventure en ayant retrouvé un peu de son humanité, et compris que le médecin est au service du patient, et non pas l’inverse.
L’intrigue est fort bien construite, cette machination savamment orchestrée, au scénario très étudié, nous aiguille sur de multiples fausses pistes, pour s’achever dans un final en forme de coup de théâtre, que je n’ai pas vu venir.
Le style de l’auteur est fluide, les personnages particulièrement travaillés avec une mention spéciale pour Delphine qui, par amour a couvert la faute médicale du jeune interne qu’était Christian. Handicapée suite à un accident, elle s’est volontairement mise en retrait et l’a encouragé à vivre sa vie sans elle. Delphine, qui l’aime toujours et dont les sens, même émoussés sont toujours en éveil, et réceptifs à la sensualité.
Il est tout de même curieux que l’auteur ait choisi la première personne pour laisser s’exprimer un personnage aussi peu sympathique que le Dr Arribeau, praticien ambitieux et indifférent à l’humain, pour qui seule comptent la reconnaissance et le prestige, et dont je n’ose croire que l’auteur en ait rencontré beaucoup comme lui dans l’exercice de sa profession. Encore que…
L’auteur évolue avec aisance dans ce milieu qui fut le sien pendant de longues années. La description du milieu hospitalier et universitaire, avec ses jeux de pouvoir et d’influence, est rendue de manière très réaliste, pour autant que j’en puisse juger.
Une vraie réussite que ce 7ème péché, même capital, et un très bon moment de lecture.
Éditions Glyphe, 2014
4ème de couv.
Christian Arribeau, jeune médecin ambitieux et pétri d’orgueil, a planifié méthodiquement sa carrière pour accéder aux plus hautes fonctions, balayant tous ses autres concurrents. Au moment où il vient de franchir avec succès la dernière étape avant sa nomination comme professeur de néphrologie, et alors qu’il sort discrètement d’un immeuble, il renverse, dans une rue déserte, un clochard qui se jette sous ses roues. Paniqué à l’idée des conséquences sur sa carrière, et persuadé de l’absence de témoin, il prend la fuite. Commence alors une vertigineuse descente aux enfers, orchestrée par l’obstination d’un policier et l’intervention d’un témoin mystérieux aux motivations obscures. S’agissait-il d’un banal accident ou d’une sombre machination ? Et dans ce cas, qui tire les ficelles ? L’univers bien organisé et la belle assurance d’Arribeau vont s’écrouler comme un château de cartes.
L’auteur :
Olivier Kourilsky, alias le Docteur K, est médecin néphrologue, professeur honoraire au Collège de médecine des Hôpitaux de Paris ; il a dirigé le service de néphrologie de l’hôpital d’Evry. Il écrit des romans policiers depuis un peu plus de dix ans et a publié six ouvrages depuis 2005, dont « Meurtre pour de bonnes raisons », prix Littré 2010. Ses personnages évoluent souvent dans le monde hospitalier, entre les années soixante et aujourd’hui. Au fil du temps, on suit le professeur Banari, le commissaire Maupas, le commandant Chaudron, jeune policière chef de groupe à la Crim’…
Olivier Kourilsky est membre de la Société des gens de lettres et de la Société des auteurs de Normandie.
(Source:Site de l’éditeur)
euh…j’espère que c’est pas une autobiographie de ton Docteur écrivain héhé !!! m’a l’ air bien tordue cette histoire !! je me demande si ses patients se laisseraient soigner par ce bon docteur s’ils lisaient juste avant un roman de leur spécialiste ! 🙂 ceci dit je ne l’ai jamais lu, même si ce nom me dit quelque chose.
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il n’est jamais trop tard .. ;-))
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Le début me fait un peu penser Au Bûcher des Vanités (mais bon, que le début, hein ! Le reste n’a rien à voir)
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Il y a un peu de ça, oui… Un homme qui se croyait au sommet, et qui voit son monde se déliter inexorablement.
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merci Vincent pour cette belle chronique ! j’assume le choix de la première personne, c’était tout à fait volontaire, pour marquer la distance prise avec ce personnage peu sympathique ! cela m’a beaucoup amusé et j’espère bien que personne ne me reconnaîtra !
et je rassure « la petite souris », plusieurs de mes patients l’ont lu sans se sauver ensuite !! ;-))))
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Peu sympathique, c’est rien de le dire… Mais on ne peut s’empêcher d’avoir un peu d’empathie pour lui, quand on voit la somme d’emmerdes qui lui tombent dessus…
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je suis ravi si j’ai pu instiller ce sentiment ambigu chez les lecteurs, c’tait tout a fait volontaire .. héhé .. ;-)))
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Mission accomplie… 😉
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Bravo pour ta chronique .. tu m ‘as donné envie de le relire !
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Je t’ai dit, que je te le prêterais… 😉
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ah oui ??? … t’es trop gentil ! ( enfoiré !!! ) =D
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c’était .. sorry
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ça y est Vincent, le tour de notre Dr K national est arrivé? Jolie chronique, qui m’aurait poussé à lire le 7ème péché si ce n’était pas déjà fait 🙂 à très bientôt!
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A bientôt Leïla… 🙂
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Docteur Haribo, presque !!
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bine sûr , c’était ironique ! ;-)))
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Je me disais aussi que la coïncidence était trop flagrante ! mdr
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Jamais lu cet auteur…je pense y remédier!!!!
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Remédier… C’est le mot juste! 😉
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ça fait bien longtemps que je n’ai pas lu un roman dont l’intrigue se situe dans le milieu médical. Serait peut être temps de s’y remettre 🙂
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Bon, peut-être que je devrais relire cet auteur.
Mais, car il y a un mais…
En tout cas, ta chronique donne envie.
Merci magic vincent
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help, c’est quoi le mais ?? sniff
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