Mike Nicol – La dette

Premier volet d’une trilogie de Mike Nicol intitulée « Vengeance », « La dette », est celle contractée par Mace Bishop quinze ans auparavant, l’implication d’un homme d’affaires  lui ayant permis de pouvoir livrer une cargaison d’armes à un seigneur de guerre, et ainsi d’échapper à la mort qui lui était promise.

Aujourd’hui les deux héros, Mace Bishop le blanc et Pylon Buso le noir, anciens trafiquants d’armes se sont reconvertis dans le business de la sécurité, pour amateurs de safaris ou clients fortunés venus en Afrique du Sud se faire lipposucer les cuisses ou aplanir les rides.

Au nom de cette dette passée, ils sont engagés par Ducky Donald, pour assurer la protection de la boîte de nuit de son fils Matthew, haut-lieu du trafic de drogue, qui a reçu des menaces de l’association représentée par une mystérieuse avocate, Sheemina February, leur enjoignant de cesser le trafic de drogue sous peine de s’exposer à des représailles.

« La première explosion avait fait quatre morts : un homme, trois femmes. Cinq personnes dans un état critique. Quarante, cinquante avaient besoin de soins. La seconde avait fait dégringoler le premier étage, mis le feu aux lieux. Pile après que les auxiliaires médicaux aient fait évacuer tout le monde. Mace suspectait un téléphone portable pour la seconde explosion, mais gardait ça pour lui. Il suspectait aussi que quelqu’un dans les parages avait choisi le moment. »

A partir de là, les choses vont prendre une tournure que n’aurait jamais imaginée Mace en acceptant ce job somme toute banal : Sa famille va en payer le prix fort, et sa fille Christa se retrouver dans un fauteuil roulant.

Mace va renouer avec son activité passée de contrebandier, dans une transaction de trafic d’armes, de drogues et de diamants. Avec l’apparition d’une ancienne maîtresse de Mace, un couple d’homos en mal d’enfant, accompagnés de la jeune femme qui doit porter leur enfant, l’affaire va se compliquer et va inévitablement générer son content de violence, de tortures et de cadavres.

Dans ce roman, il n’y a pas de bons ni de méchants. Tout le monde, sauf la jeune Christa, victime collatérale de toute cette folie, a quelque chose à se reprocher, même Mace et Pylon que l’on pourrait cataloguer parmi les « gentils », traînent derrière eux quelques casseroles :« -Les camarades : Mace et Pylon. Les tueurs. Héros improbables pour certains. Héros du peuple pour d’autres. Vétérans de la lutte, trafiquants d’armes pour les glorieux groupes armés de notre mouvement. Aujourd’hui protection pour les VIP. Ca n’est pas votre rayon. Contentez-vous des vieux, messieurs. Mieux vaut s’en tenir aux retraités. » Ainsi les apostrophe Sheemina February, cette mystérieuse avocate qui est un peu leur Nemesis, envers qui ils semblent avoir un compte à régler, mais dont la nature leur échappera, jusqu’à la toute fin du livre, un peu escamotée à mon sens.

Dans ce roman, au rythme rapide, aux dialogues percutants, et baignant dans l’ultra violence, à l’image de cette société Sud-Africaine, ou l’on peut dans certains quartiers se faire égorger pour quelques poignées de rands, Mike Nicol dépeint sans fard les travers de son pays, où les fantômes du passé n’ont pas disparu, et dont le trafic d’armes reste l’une des principales sources de profit des trafiquants de tous bords.

Les personnages principaux sont assez bien campés, encore qu’il y aurait eu matière à approfondir un peu leur psychologie et l’intrigue comporte un très (trop ?) grand nombre de personnages, dont on a parfois du mal à voir l’utilité dans le développement du scénario.

Et, au milieu de toute cette violence, entre trafic d’armes, night-clubs douteux, drogue, dans cet environnement  tellement sordide, on se surprend à sourire, comme dans le passage où on leur demande de retrouver l’Audi volée d’un gosse de riches, ils lui montent un « cinéma » et l’emmènent faire une virée dans les townships : « entre les maisons en parpaings, routes défoncées, fils électriques en plein milieu des rues protégés par des sacs de sable, crasse et chiens crevés dans tous les coins. Sur le marché, des chariots de tripes, des étals de têtes de chèvre… »

Mike Nicol nous brosse un tableau pas très reluisant ni optimiste de la nation Arc-en-Ciel de ce début de XXIème siècle, et les années qui passent semblent bien lui donner raison. Il est l’une des valeurs montantes dans le monde du thriller sud-africain, tout comme  Deon Meyer, Malla Nunn et Roger Smith. Avec ce roman « La dette », il se place en pourfendeur des illusions et des promesses entretenues à l’égard de la « Rainbow Nation », l’Afrique du Sud multiculturelle et multiethnique.
Un très bon moment de lecture pour moi même si, à titre personnel, je préfère la plume de Roger Smith.

Éditions Ombres noires, 2013

4ème de couv.

La dette_Le Cap (Afrique du Sud). Tenus par une ancienne dette, Mace Bishop et Pylon Buso, deux anciens mercenaires et trafiquants d’armes reconvertis dans la sécurité, sont engagés par un malfrat pour assurer la protection de son fils, Matthew. Gérant d’une boîte de nuit, véritable plaque tournante de la drogue, Matthew est menacé par une association vertueuse, la Pagad. Cette association – en réalité une officine mafieuse – est représentée par l’avocate Sheemina February, manipulatrice au passé trouble qui semble connaître Mace et Pylon du temps de l’apartheid.
Si Mace et Pylon l’ont oubliée, Sheemina, elle, a une excellente mémoire. Malheureusement pour eux !

L’auteur:

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Mike Nicol est né en 1951 et vit au Cap en Afrique du Sud. Journaliste et écrivain, il anime aussi des cours d’écriture en ligne. Il est l’auteur de plusieurs romans publiés au Royaume-Uni, aux États-Unis, et traduits en France et en Allemagne. En 2012, La Dette a figuré parmi les meilleures ventes en Allemagne durant plusieurs mois et s’est classé 8e parmi les 10 meilleurs livres de l’année.

(Source : Site de l’éditeur)

12 réflexions sur “Mike Nicol – La dette

  1. Je ne sais pas ce qu’il se passe Vincent mais impossible de te laisser un commentaire, quand je valide ca me dit « Désolé, erreur à l’envoi de ce commentaire » . SNIFF mais sache en tout cas que je suis passé te voir et j’ai lu ta belle chronique de LA DETTE, un bouqsuin que j’avaisq beaucoup aimé !

    Amitiés

    Bruno

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  2. Nous sommes parfaitement raccord sur ce titre Magic Vincent.
    J’ai eu la chance de pouvoir faire venir l’auteur dans ma bibliothèque il y a 2 ans , ça a été un super moment d’autant que nous étions dans un entretien très intimiste puisque nos n’étions qu’une quarantaine 😉

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  3. Voilà une chronique complète. Je trouve intéressant le fait que tu aies mis en exergue les quelques points « faibles » ru roman tout en gardant l’envie chez le lecteur de découvrir (pour moi, en tout cas) ce Mike Nicol. Gageons qu’il va s’améliorer dans le second volet puisqu’il s’agit d’une trilogie. Merci l’ami.

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