Jussi Adler-Olsen – L’effet papillon

4ème de couv.

effetr papillon_Si William Stark n’avait pas été intrigué par un SMS envoyé du Cameroun, René Ericksen, son boss au Bureau d’Aide au Développement, n’aurait pas été obligé de se débarrasser de lui. Si Marco, un jeune voleur gitan n’avait pas trouvé refuge là où le cadavre putréfié de Stark végète depuis trois ans, son oncle, chef d’un réseau mafieux, n’aurait pas lancé ses hommes à ses trousses à travers tout Copenhague pour l’empêcher de révéler à la police l’existence de ce corps qu’il a enterré de ses propres mains…
Pour stopper cet engrenage de la violence, l’inspecteur Carl Mørck et l’équipe du Département V doivent retrouver Marco. Et remonter la piste d’une affaire dont les ramifications politiques et financières pourraient bien faire vaciller l’intégrité politique du Danemark.

 

Ce que j’en pense :

L’assassinat d’un travailleur humanitaire au Cameroun, la disparition d’un fonctionnaire du gouvernement, la fuite d’un jeune gitan qui décide de quitter sa communauté… Autant de faits sans relation apparente, mais qui comme dans un jeu de dominos, vont entraîner une cascade d’évènements qui mettront à rude épreuve les pensionnaires du département V.

Ce roman débute par un coup dur pour Carl Mørck : le patron de la criminelle Marcus Jacobsen, qui faisait preuve d’une certaine bienveillance envers Carl et son département V, décide de faire valoir ses droits à la retraite. Il est remplacé par Lars Bjørn, qui est en quelque sorte la nemesis de Carl. De plus on lui colle sur les bras un nouvel inspecteur, chose qu’il ne voit pas d’un bon œil.

Ce nouvel opus nous donne encore l’occasion d’en apprendre un peu plus sur Assad, tout en conservant encore beaucoup de zones d’ombre, de quoi meubler largement l’intrigue des romans restants de la série. Assad qui prend encore plus d’épaisseur, jusqu’à faire jeu égal avec Carl. Ajoutons-y Rose, la nécessaire touche féminine, punkette fougueuse et survoltée, enquêtrice futée et vous avez là tout le département V. Ah non ! J’oubliais le dernier élément imposé à Mørck : le jeune Gordon Taylor, grand échalas pas très futé, qui a devant Rose le comportement du loup de Tex Avery.

Le département V, un univers à lui seul, où la conversation la plus insignifiante peut à tout moment partir en vrille et arracher des sourires et même des rires au lecteur. A ce propos, la traduction est d’une grande qualité, notamment pour retranscrire tout le sel des jeux de mots dus aux approximations linguistiques d’Assad et de son Danois hésitant.

Encore une fois, Jussi Adler-Olsen réussit le tour de force de nous captiver avec cette histoire. C’est un magnifique écrivain, expert dans l’art de ficeler une intrigue qui tienne la route, avec de multiples rebondissements. Les personnages qui peuplent ce roman sont tous d’une formidable épaisseur et au premier chef Marco, le jeune gitan dont les mésaventures sont comme le fil rouge de ce roman.

Il se trouve confronté à une galerie de vrais méchants, gredins des rues ou criminels en col blanc, fonctionnaires ripoux et banquiers véreux, et tueurs à gages venus d’Afrique. Sa soif d’apprendre et sa furieuse envie d’un avenir meilleur forcent l’admiration et nous éprouvons pour lui une sympathie immédiate et une inquiétude permanente tout au long du roman.

Carl Mørck lui, est le type même de l’antihéros,  toujours à se débattre dans ses problèmes de cœur, qui semble plus à l’aise dans ses relations avec ses amis, preuve en est son attachement à son ami Hardy, qu’il a recueilli chez lui et dont l’état de santé s’améliore de roman en roman. Avec les personnes du sexe opposé, il ne parvient pas à nouer de relation durable. Peur de s’engager? Pas remis de son divorce? Ses relations avec l’autorité sont toujours aussi tendues, mais les résultats de son équipe le mettent à l’abri de toute sanction.

Dans ce roman, l’auteur aborde des sujets aussi variés et actuels que l’afflux d’immigrés venant de pays défavorisés, attirés par le mirage de nos démocraties modernes, et subsistant par la mendicité organisée ou le vol. Il traite également le thème des relations entre l’Europe et l’Afrique, des enfants-soldats rescapés de guerres tribales, de l’assistance aux pays en voie de développement, avec le cortège de corruption et de détournements qui y sont généralement liés.

Et toujours avec ce même talent de conteur, cet humour toujours présent qui, malgré l’aspect dramatique de cette histoire constellée de meurtres et d’enlèvements, nous captive, nous tient en haleine jusqu’à son dénouement.
Un très bon, un excellent moment de lecture!!!  Merci M. Adler-Olsen, on en redemande !

L’auteur :

Jussi_Adler-OlsenJussi Adler-Olsen est un écrivain danois, né en 1950.

Après avoir été éditeur, il se lance en 2007 dans l’aventure de « Département V », une série policière qui devrait compter 11 volumes.
Les cinq premiers, traduits en français, ont déjà connu un grand succès:
Vol. 1 – Miséricorde (2011)
Vol. 2 – Profanation (2012)
Vol. 3 – Délivrance (2013)
Vol. 4 – Dossier 64 (2014)
Vol. 5 – L’Effet papillon (2015)
Le sixième, « Den Grænseløse », devrait normalement paraître en France en 2016.

Jussi Adler-Olsen – Dossier 64

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A la fin des années 80, quatre personnes disparaissent mystérieusement en l’espace de quelques jours. Jamais élucidée, l’affaire se retrouve sur le bureau du Département V.

Carl Morck et ses improbables assistants, le réfugié syrien Assad et la pétillante Rose, ne tardent pas à remonter jusqu’aux années 50 où s’ouvre un sombre chapitre de l’histoire danoise : sur la petite île de Sprögo, des femmes sont internées et stérilisées de force sous la direction du docteur Curt Wad, obsédé par l’idée d’un peuple  » pur « .

Ce que j’en pense:

Ce roman d’Adler Olsen prend racine dans un épisode peu glorieux de l’histoire danoise, l’existence d’une organisation politique d’extrême droite à visées racistes et eugénistes. A travers le parcours des différents personnages dans le passé et le présent, on comprend mieux ce qui a conduit à la gestation de ce drame. Toutes ces femmes, internées à Sprögo, à qui l’ont déniait le droit d’être mères, avaient toutes les raisons de vouloir se venger des responsables de leur malheurs.

Viennent aussi se greffer sur cette enquête d’autres éléments mettant directement en cause la responsabilité de Carl Morck dans la fusillade qui a coûté la vie à un collègue et laissé l’autre handicapé. Il faudra bien toute la pugnacité de Carl, l’imagination de Rose et l’intuition de son collègue Assad pour venir à bout de cette affaire qui déborde du cadre purement criminel, avec des ramifications dans la politique.

L’histoire est bien construite et plaisante à lire et on prend plaisir à suivre ce trio d’enquêteurs dont la relation ne cesse de s’approfondir au cours de leur collaboration. Le personnage de l’excentrique Rose nous livre un peu de son mystère, et Assad reste toujours aussi mystérieux, même s’il prend plus d’importance dans ce roman, et je gage que le prochain nous en apprendra un peu plus. L’originalité même de ce trio, leur humour, viennent adoucir un peu la dureté du propos et tempérer l’émotion toujours présente.

Bien que Curt Wad soit un « méchant » évident, les autres personnages sont plus complexes : les victimes ne sont pas forcément innocentes et les méchants pourraient avoir des circonstances atténuantes.

Les conclusions de l’enquête nous sont dévoilées au fur et à mesure des investigations, et nous laissent croire avoir tout deviné, mais l’auteur nous assène un final tout à fait inattendu.
Jussi Adler-Olsen, c’est du tout bon !