James Lee Burke – Déposer glaive et bouclier

Hackberry Holland est avocat, jeune vétéran de la guerre de Corée. Il a vécu la traumatisante expérience des camps de prisonniers chinois, pendant près de 3 ans. Il souffre de cauchemars et de flashbacks auxquels il remédie par une consommation importante d’alcool.
A la tête d’une confortable fortune personnelle que lui rapportent les puits de gaz naturel hérités de sa famille, il refuse de faire ce que sa famille attend de lui, n’en fait qu’à sa tête et brûle la chandelle par les deux bouts.

Ses proches se sont mis en tête de le présenter à l’investiture au Congrès, le contraignant à honorer de sa présence d’interminables cocktails, des réunions avec des donateurs et de et jouer la comédie du mariage heureux avec son épouse Verisa, glaciale et ambitieuse.

« Je plaisais à leurs femmes car j’étais un jeune avocat prospère, bel homme, bronzé à force de jouer au tennis dans les clubs à la mode, et capable de prendre sur moi pour faire tinter mes glaçons dans mon verre en affichant un air tranquille et agréable pendant qu’elles me confiaient les problèmes sans importance de leur vie insipide (exercice pour lequel je m’imposais une autodiscipline très stricte, sachant toujours m’excuser et m’éloigner avant que ma rigidité intérieure ne s’écroule). »

Quand un ancien compagnon d’armes l’appelle de sa prison, après avoir été arrêté alors qu’il manifestait avec d’autres travailleurs mexicains près de la frontière, Hack laisse tout tomber pour lui venir en aide. Ce sera pour lui comme une renaissance. A ce propos, le titre du livre est évocateur : c’est pour lui le désir de faire table rase du passé, de déposer son fardeau, pour vivre enfin sa nouvelle vie.

Il se rend donc au Texas, auprès du Syndicat des Travailleurs Agricoles, où il fait la rencontre de la responsable Rie Velasquez, et va trouver l’amour de la manière la plus inattendue qui soit. Dans la confusion qui règne, il se retrouve bientôt à faire le piquet de grève, fortement alcoolisé, ce qui lui vaut de se faire rosser par un shérif local, et passer une nuit en cellule.

Il traîne un certain sentiment de culpabilité, qui peut expliquer sa tendance à se mettre dans des situations impossibles. Alors qu’il était en captivité, il a été épargné et forcé d’assister à la mort des autres. Parfois il regrettait d’être demeuré parmi les vivants et de ne pas avoir rejoint les morts.
Les épreuves vécues pendant sa longue captivité en Corée, largement relatées dans le roman, sont terribles. Ces séquences descriptives ralentissent un peu le cours de la narration, qui reste malgré tout assez fluide dans son ensemble.

C’était pour moi une curiosité que de découvrir cette œuvre de jeunesse de James Lee Burke. Ce titre, 3ème roman de l’auteur, est sorti en 1971, presque deux décennies avant le premier tome de la saga de Robicheaux. On y trouve déjà le style de James Lee Burke, son talent pour imaginer des histoires, créer des personnages tourmentés, et les placer ensuite dans un environnement hostile. Son héros, Hackberry Holland montre une personnalité assez binaire.  Vingt ans plus tard, arrivé à maturité, l’auteur donnera naissance à Dave Robicheaux, à la personnalité beaucoup plus complexe et nuancée.

Le contexte historique a également son importance : situé dans le Texas, dans le contexte des luttes syndicales, et pour les droits civiques. On a du mal à croire qu’il y a si peu de temps les inégalités étaient encore si importantes, et le racisme aussi présent dans ces états du sud. Ces vieux démons reprendraient même une certaine vigueur dans l’Amérique de Trump.
Pour conclure, je dirais que c’est un bon roman, pas inoubliable. Mais pour moi, inconditionnel de James Lee Burke, il eût été inconcevable de passer à côté. A vous de vous faire votre propre opinion…
Éditions Rivages, 2013


Et pour le plaisir:

 

4ème de couv :
Début des années 1970, Texas. Le combat pour les droits civiques paraît toucher à sa fin. Hack Holland a, semble-t-il, tout pour lui : étoile montante de la vie politique texane, il n’a qu’à serrer des mains, récolter de l’argent, à seule charge pour lui de présenter une image impeccable. Mais cet ancien prisonnier, traumatisé par la guerre de Corée, est marié à une femme glaciale et boit trop. Lorsqu’un vieux camarade de l’armée l’appelle depuis la prison où il a échoué, Hack décide de ne pas le laisser tomber. Il s’apprête à bouleverser son existence, mettant la main dans le guêpier des questions raciales au Texas.

L’auteur:

James Lee Burke est né à Houston (Texas) le 5 décembre 1936. Deux fois récompensé par l’Edgar, couronné Grand Master par les Mystery Writers of America, lauréat en France du Grand Prix de littérature policière (1992) et deux fois du Prix Mystère de la Critique (1992 et 2009), James Lee Burke est le père du célèbre policier louisianais Dave Robicheaux.
Sa bibliographie complète ici:
https://polars.pourpres.net/personne-545-bibliographie

 

James Lee Burke – Lumière du monde

A la suite des événements qui ont failli lui coûter la vie, Dave Robicheaux, Molly, et leur fille Alafair sont venus se reposer dans les montagnes du Montana, loin des bayous de Louisiane. Sont également du voyage son ex-partenaire à la brigade des homicides et ami de toujours, Clete Purcell et sa fille Gretchen, dont nous avons fait la connaissance dans « Créole belle ».

A la recherche de paix et de solitude, d’un endroit pour soigner leurs blessures, ils ne trouveront pas ici le calme et le repos escomptés. Lors d’un jogging dans les bois, Alafair manque de peu d’être atteinte par une flèche tirée dans sa direction, ce qui n’est pas le signe le plus encourageant pour des vacances paisibles. Non loin de là elle recontre Wyatt Dixon, un ancien cow-boy de rodéo, qu’elle croit être l’auteur du tir.
En revanche, Dave ne paraît pas convaincu, car d’autres indices concordants semblent plutôt indiquer le mode opératoire d’Asa Surrette, un serial killer qu’Alafair avait interviewé quelques années plus tôt dans une prison du Kansas. Le hic, c’est que Surrette est supposé mort, carbonisé dans l’accident du fourgon cellulaire qui le transportait.

Dans le même temps, Angel Deer Heart, une jeune fille indienne disparue est retrouvée morte quelques jours plus tard, étouffée avec un sac en plastique. C’est la petite-fille adoptive de Love Younger, un grand ponte du pétrole qui a une résidence d’été dans la région. Dans les jours suivants, on déplore d’autres disparitions et d’autres meurtres, comme autant d’indices de la présence maléfique de Surette.

« On essaie de protéger les innocents et de punir les méchants, et on ne réussit bien ni l’un ni l’autre. Pour finir, on adopte les méthodes de nos adversaires, on les balaie de la surface de la terre, et on ne change rien. C’étaient ces mêmes pensées qui m’habitaient quand je suivais une piste nocturne truffée de mines chinoises, près de cinquante ans plus tôt. Si mon vieil ami le sergent était encore de ce monde, je me demandais ce qu’il aurait à dire. Sans doute me dirait-il que la plus grande illusion de l’existence, c’est d’être persuadés que nous pouvons tout contrôler. »

Dave et Clete vont mener leur propre enquête, et bien sûr se heurter aux autorités du coin : un shériff incompétent, des inspecteurs de police ripoux ou tout simplement laxistes qui n’aiment pas que l’on vienne piétiner leurs plates-bandes. Ils paraissent même bien accommodants avec le riche Love Younger. Clete, quant à lui, entame une relation amoureuse compliquée avec Felicity Louvière, la bru du même Younger, qui se trouve au cœur de l’affaire.

Dans ce 20ème épisode, on retrouve, tel qu’en lui-même, le Robicheaux que nous connaissons, avec son passé d’ancien alcoolique et de violence. A lui seul, il a affronté dans sa vie plus de démons que toute une convention d’exorcistes. A ses côtés, Clete Purcell traîne un fardeau tout aussi pesant. Tous deux portent les stigmates, visibles et invisibles, de tant d’années à côtoyer la mort, des rizières du Vietnam aux services de police de la Nouvelle Orléans. Ce sont des hommes courageux, pleins de compassion, qui ont toujours le souci du bien d’autrui et de la justice. Ils sont accompagnés par des seconds rôles de qualité : Molly son épouse, Alafair sa fille et Gretchen, ainsi que des acteurs « locaux » très bien dessinés, comme Felicity Louvière, Asa Surrette ou Wyatt Dixon.

James Lee Burke excelle dans la description psychologique de ses personnages, tant pour mettre en valeur leur humanité, que pour les décrire sous leurs côtés les plus sombres, comme Surrette, le mal à l’état pur, identifié par ceux qui le côtoient par l’odeur qu’il dégage, « la puanteur fécale qui émanait de ses glandes ».

On retrouve chez Burke une certaine dichotomie. Il peut nous asséner des passages d’une noirceur et d’une violence extrême et, l’instant d’après nous offrir des descriptions de la nature très poétiques et d’une grande sensibilité, qui nous feraient rêver de vivre les petits matins dans les Bitteroot Mountains.

« Après les crues de printemps, l’eau est d’un bleu-vert, vive et froide, courant en longs rapides parmi des rochers à moitié submergés tout au long de l’année. Les canyons sont à pic, couronnés de sapins, de ponderosas et de mélèzes qui, à l’automne, deviennent dorés. Si l’on écoute attentivement, on entend s’entrechoquer au fond du torrent les cailloux qui produisent un murmure, comme s’ils se parlaient entre eux, ou nous parlaient à nous. »

On a le sentiment que Dave et Clete arrivent au bout de leur longue route, après bien des blessures, autant physiques que morales. Plus encore que le précédent « Créole belle », ce roman, teinté d’un peu de mysticisme, ressemble à leur chant du cygne. Peut-être est-ce aussi une façon de passer le flambeau à la génération suivante, incarnée par Alafair et Gretchen, dont le sourire, comparé à la lumière du monde, donne son titre au roman.
Je finis ce roman, triste à l’idée de ne peut-être pas retrouver ces deux personnages qui ont accompagné ma vie de lecteur depuis plus de vingt ans, et m’ont procuré autant de plaisir.
Et ce fut le cas cette fois encore, une très belle lecture.

Éditions Rivages/Thrillers,  Janvier 2016

En complément, James Lee Burke nous livre ici quelques secrets d’écriture :

http://www.lepoint.fr/livres/sur-la-piste-americaine-2-3-james-lee-burke-sort-de-la-brume-02-04-2016-2029481_37.php

4ème de couv :

En vacances avec sa famille dans le sauvage Montana, Dave Robicheaux est troublé par une succession d’événements étranges qui laissent penser qu’une présence vénéneuse hante ces paysages sublimes. Dans cette vingtième aventure, Dave Robicheaux affrontera son adversaire le plus diabolique.

 

 

L’auteur :

James Lee Burke est né à Houston (Texas) le 5 décembre 1936. Deux fois récompensé par l’Edgar, couronné Grand Master par les Mystery Writers of America, lauréat en France du Grand Prix de littérature policière (1992) et deux fois du Prix Mystère de la Critique (1992 et 2009), James Lee Burke est le père du célèbre policier louisianais Dave Robicheaux.
Sa bibliographie complète ici:
http://www.payot-rivages.net/index.php?id=7&infosauteur=Burke%2C+James+Lee

James Lee Burke – Creole belle

2010 – L’explosion d’une plate-forme pétrolière, la Deepwater Horizon, avait causé la marée noire la plus importante de l’histoire des Etats-Unis, et avait eu une influence désastreuse sur l’environnement et l’écosystème de cette région.

2012 – Dave Robicheaux, shérif de New Iberia, se remet à l’hôpital de blessures par balles qui ont failli lui être fatales. Il reçoit la visite de Tee Jolie Melton, une jeune chanteuse de blues, qui lui apporte un Ipod dans lequel elle a enregistré de la musique. Elle demande à Dave de rechercher sa jeune sœur Blue Melton qui a disparu.
Le problème, c’est que Tee Jolie a elle-même disparu plusieurs mois avant la visite qu’elle est censée avoir rendue à Dave, ce qui conduit ses proches à se demander si cette visite ne serait pas le délire d’un esprit sous morphine. Pourtant, l’Ipod est bien réel !

Son ami Clete se trouve confronté à un problème de chantage. Deux petits truands locaux, Waylon Grimes et Bix Golightly, lui réclament une vieille dette, qu’il avait pourtant déjà réglée et menacent de saisir tous ses biens, s’il ne paie pas. Fort opportunément, Bix Golightly est abattu quelque temps après.
« Un succube vivait dans sa poitrine, et ne lui laissait aucun répit. Il l’avait emporté avec lui depuis l’Irish Channel de La Nouvelle-Orléans jusqu’au Vietnam, aux bordels de Bangkok, aux ruelles du plaisir de Tokyo, et l’avait ramené avec lui. Dans l’esprit de Clete, il n’était pas digne de l’amour d’une femme bien, et il n’avait jamais été à la hauteur aux yeux de son père alcoolique, un laitier qui retournait sa colère et son mépris de soi-même contre son fils aîné perturbé et malheureux. »
Clete Purcel, alter ego de Dave, brûle la vie par les deux bouts, entre l’alcool et les femmes. Un autre souci va venir s’ajouter à son fardeau psychologique, déjà bien lourd : l’apparition dans sa vie de sa fille Gretchen Horowitz, jeune femme qui pourrait être la tueuse à gages qui a abattu Golightly.

On retrouve bientôt le cadavre dénudé de Blue, la jeune femme disparue, enchâssé dans une bloc de glace de la taille d’une baignoire, flottant sur le golfe. Elle a été shootée à l’héroïne, et à l’autopsie, on découvre dans sa bouche un petit ballon contenant un billet « ma sœur est vivante « .

Lors de son enquête, Dave est conduit à se mêler des affaires de personnes puissantes, riches et malveillantes, qui ne veulent pas voir leurs vilains secrets exposés à la lumière du jour. Il représente un danger à leurs yeux  et ça, ce n’est pas une bonne nouvelle pour lui. Il y a de gros intérêts en jeu, financiers et politiques. Il est question de marée noire, de faux tableaux, de traite d’êtres humains, d’esclavage (la location des détenus du pénitencier voisin), de trafic d’armes et de criminels de guerre nazis.
Cette enquête n’est pas de tout repos pour Dave, qui en plus de ses blessures, commence à ressentir, comme Clete, le poids des ans. Les héros sont fatigués, mais avec l’aide d’Alafair la fille de Dave, et Gretchen, ils trouvent en eux la force de faire face, et rendent coup pour coup, avec quelle violence !

Les personnages ont tous une formidable épaisseur, au service d’une intrigue complexe, mais bien articulée, contée d’une très belle plume qui sait parfois se faire moins sombre, plus légère et se teinte de quelques touches d’humour.
Ce qui est intéressant à voir dans Creole Belle, c’est à quel point Dave et Clete ont leur mortalité aussi présente à l’esprit, symbolisée par le vieux bateau à aubes du XIXème, qui glisse sur le bayou et que Dave est le seul à voir. L’auteur a pris la décision, il y a déjà longtemps, de les faire vieillir, au rythme de ses écrits. En leur permettant de vivre, de se développer et d’évoluer, il nous offre ses romans comme autant de tranches de vie, d’instantanés de l’Amérique à différentes époques. Pour autant, Burke n’est plus un jeune homme, et leurs préoccupations reflètent bien sûrement les siennes.

Une des grandes forces de l’œuvre de Burke, au-delà de la qualité de son écriture, a toujours été l’atmosphère qui baigne ses romans, la peinture très poétique de la Nouvelle-Orléans et des bayous.
« L’air qui montait de l’eau était frais, merveilleux, et la lumière aussi douce que du pollen sur les branches au-dessus de nos têtes. Il n’y avait aucun bruit sur le bayou, pas même celui du pont à bascule sur Burke Street. Molly m’a pris la main sans un mot, et nous avons regardé les brèmes manger dans les nénuphars, qui viraient au marron et se recourbaient légèrement sur les bords. Je me suis demandé combien de semaines il nous restait avant l’arrivée des jours gris et pluvieux de l’hiver en Louisiane, qui dénude les chênes d’eau et les pacaniers, et barbouille les fenêtres d’une bruine aussi humide et froide que des infiltrations dans une tombe. »

James Lee Burke a souvent été comparé à Faulkner ou à Zola. Il est connu pour son exploration de la nature de l’homme, de la lutte du bien et du mal, de la souffrance, de la pénitence et du pardon.
Ses romans voient toujours plus loin que le mécanisme de l’intrigue criminelle : le vrai sujet, comme chez Zola, est la condition humaine, vue dans chaque strate de la société.

Je trouve à ce récit, malgré le « happy end », un pessimisme latent, un côté un peu crépusculaire, comme si Dave se préparait à nous faire ses adieux. Il est pour moi un roman des plus puissants et des plus ambitieux, plein de pertinence sur l’Amérique d’aujourd’hui.

Un magnifique roman, à ne pas manquer !

Éditions Rivages/Thriller, 2014

4ème de couv :

Creole belle 2Dave Robicheaux se remet de ses blessures dans une unité de soins de La Nouvelle-Orléans, où il reçoit la visite d’une jeune femme, Tee Jolie Melton. Cette dernière lui laisse, sur un iPod, le blues « My Creole Belle ». Une chanson qui finit par l’obséder. Mais dans cette atmosphère languissante baignée de morphine, et avec tous les démons qui plus que jamais l’accompagnent, Dave nourrit des doutes : sa rencontre avec Tee Jolie est-elle bien réelle ou l’a-t-il rêvée ? Car Dave découvre que Tee Jolie est censée avoir disparu depuis des mois. Aussi, lorsque sa jeune sœur Blue est retrouvée morte, Dave décide de partir à sa recherche. Une enquête éprouvante, au point que son vieil ami Clete Purcel, lui-même à la limite de la rupture, se met à craindre pour sa santé mentale…

L’auteur :

bk1glass10  James Lee Burke, author, THE GLASS RAINBOW. Photo credit: Frank Veronsky for Simon & Shuster

bk1glass10 James Lee Burke, author, THE GLASS RAINBOW. Photo credit: Frank Veronsky for Simon & Shuster

James Lee Burke est né à Houston (Texas) le 5 décembre 1936. Deux fois récompensé par l’Edgar, couronné Grand Master par les Mystery Writers of America, lauréat en France du Grand Prix de littérature policière (1992) et deux fois du Prix Mystère de la Critique (1992 et 2009), James Lee Burke est le père du célèbre policier louisianais Dave Robicheaux.
Sa bibliographie complète ici:
http://www.payot-rivages.net/index.php?id=7&infosauteur=Burke%2C+James+Lee

 

James Lee Burke – Swan Peak

Burke4ème de couv.
Dave Robicheaux, son épouse Molly et son ami Clete Purcel tentent d’oublier le traumatisme de Katrina en s’immergeant dans la nature somptueuse et sauvage du Montana. Alors qu’il pêche tranquillement, Clete est pris à partie par deux individus qui l’ont reconnu à cause d’une sordide affaire pourtant très ancienne. Ces hommes aux manières brutales et au passé trouble travaillent pour un riche entrepreneur extrêmement déplaisant. Bientôt, une ambiance malsaine s’installe, et d’horribles faits divers se produisent…

Ce que j’en pense:

C’est le 17ème roman de la série consacrée à Dave Robicheaux.
« Ils ne reconstruiront pas la ville où j’ai grandi. Ils ne savent pas comment faire. Ils n’étaient pas là. A cette époque, chaque jour était une fête. Et je ne parle pas des fanfares ni des gens qui se soûlaient sur leurs balcons. Ça tenait à la façon dont on se réveillait chaque matin. Tout était vert et doré et les chênes étaient remplis d’oiseaux. »
Ces quelques mots suffisent à nous éclairer sur l’état d’esprit de Dave et Cletus au début de ce roman.

Laissant derrière eux le souvenir de l’ouragan Katrina et de leur chère Louisiane dévastée, Dave, et Cletus sont partis dans le Montana, à l’invitation de leur ami Albert Hollister. Mais il n’est pas dit que Burke permette à ces deux personnages de vivre dans un monde pacifique, et il ne faut pas longtemps avant qu’ils ne se trouvent impliqués dans une enquête sur le meurtre sauvage de deux étudiants, à un jet de pierre de leur chalet de vacances.

Comme toujours, Clete est un aimant naturel pour les ennuis, qui vont arriver sans tarder. Dans une galerie de personnages hauts en couleurs, un riche magnat du pétrole, son frère infirme et défiguré et sa magnifique femme, un prédicateur déviant sexuel, un prisonnier évadé, ancienne gloire du country, et un gardien de prison du Texas, il n’a que l’embarras du choix.

Burke nous concocte une intrigue savamment menée, dans laquelle Dave et Clete vont se retrouver confrontés aux fantômes de leur passé commun, dans les bayous de Louisiane. Au cœur de la tourmente se trouve Clete, qui ne peut se débarrasser de la sensation d’être hanté par ces fantômes- dont celui de Sally Dio, un chef mafieux pour qui il a travaillé et qu’il a tué il y a des années.  Et ils portent toujours en eux ce bouillonnement de violence contenue, qui ne demande qu’à se déchaîner, pour la défense des plus faibles.

Situé dans les paysages grandioses et fascinants du Montana que Burke dépeint avec enthousiasme, dévoilant sa beauté et ses cicatrices, Swan Peak est l’histoire de vieilles amours, d’anciennes rancunes et d’anciens crimes qui refont surface.

Une histoire de meurtre, de désespoir, de vanité, d’autodestruction et de lamentation pour un mode de vie révolu dans un Ouest perdu.
Mais c’est aussi une histoire d’amour, d’espoir en des rêves fragiles, surmontant le passé et ses ombres, et où le pouvoir de la rédemption, bien qu’elle paraisse souvent précaire, n’est pas toujours inaccessible.

Et si l’ambiance du bayou manquera aux fidèles de Robicheaux, ils ne perdront rien à prendre la route vers l’Ouest avec Dave et Clete.
L’écriture de Burke, son empathie avec les personnages, la profondeur psychologique qu’il donne à chacun d’eux, combinée à sa capacité à vous transporter dans des paysages grandioses, dépeints avec tellement de lyrisme, d’amour et de passion confirme, si besoin était, sa position parmi les meilleurs écrivains américains.

 

james-lee-burke,M37207L’auteur :
James Lee Burke (né en 1936 à Houston) est un écrivain Américain de romans policiers, particulièrement connu pour sa série mettant en scène Dave Robicheaux.
Burke naît au Texas et passe son enfance sur la côte entre le Texas et la Louisiane. Il suit ses études à la Southwestern Louisiana Institute ainsi qu’à l’Université du Missouri d’où il sort diplômé.
Il a ensuite pratiqué plusieurs métiers (dans l’industrie du pétrole, comme journaliste ou comme assistant social).
Actuellement Burke et sa femme Pearl partagent leur temps entre l’État du Montana et la Louisiane.
(Source Wikipédia)
Outre ses romans, James Lee Burke continue d’écrire des nouvelles qui paraissent dans les magazines les plus prestigieux, et depuis ses débuts difficiles des années 70, les comparaisons les plus élogieuses ont été faites par les critiques, tant en France qu’aux États-Unis, souvent l’auteur s’est vu surnommer le « Graham Greene des bayous » ou le « Faulkner du crime ».