Ken Bruen – Le dramaturge

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L’impossible s’est finalement produit. Jack Taylor ne se drogue plus, il ne boit plus. Même les clopes semblent parties en fumée. Il sort avec une femme qui est presque de son âge et s’il ne peut encore se considérer comme un citoyen ordinaire, il flirte avec cette illusion. Certains prétendent même qu’il va à la messe… Malheureusement, le monde autour de Jack, lui, n’a pas changé : deux étudiantes sont retrouvées mortes à quelques jours d’intervalle. Dans les deux cas, un exemplaire d’une œuvre de John Millington Synge est découvert sous le corps des jeunes victimes.

Très vite, sourd aux appels de sa raison qui lui dicte de faire demi-tour, Jack se met en chasse de cet assassin froid et calculateur. Alors que son passé s’apprête à resurgir et que l’Irak s’enflamme, Jack Taylor oscille à l’extrême bord du précipice…

Ce que j’en pense :

Encore une fois, Jack va se retrouver embarqué dans une enquête qui sera vite reléguée au second plan de l’histoire. On pourrait croire ce nouveau Jack assagi, sur les voies de l’abstinence, à laquelle a contribué l’arrestation de Stewart, son dealer.

Il a réussi à mettre un frein à toutes ses addictions, sauf les cinq cigarettes quotidiennes qu’il s’octroie. Et quand Stewart, depuis sa prison, demande à le voir, ce n’est pas au nom d’une quelconque amitié supposée. Il veut seulement l’engager pour enquêter sur la mort suspecte de sa sœur.

Il va bien vite se retrouver à nouveau face aux vieux démons du passé, pris dans l’engrenage d’une violence qu’il ne contrôle plus. Tabassé et abandonné de tous, il poursuit son chemin. Et alors qu’on le croit toucher le fond, il revient à la surface et avance, un pas après l’autre dans cette existence grise qui est la sienne au cœur d’une Irlande non moins grise.

En réalité, Jack ne mène pas d’enquête, ce sont les évènements qui le portent et s’imposent à lui au fil de son histoire quotidienne, faite d’abandon et de solitude, et de sa lutte permanente pour ne pas retomber dans l’alcoolisme. Jack, par son comportement suicidaire, a fait le vide autour de lui. Il ne lui reste plus que sa mère, qui se meurt dans un hospice sordide, qui hante ses pensées.

Par des voies souvent éloignées de l’enquête, et des détours dont il est coutumier, la solution de l’affaire finit par s’imposer à lui, presque par hasard.

Ce roman est d’une noirceur totale, désespéré, mais empreint d’une grande justesse de ton et transparaît au fil de chaque page l’amour que porte l’auteur à son antihéros, que l’on se surprend à aimer nous aussi, malgré tous ses défauts.

Qui aime bien châtie bien, dit-on. L’auteur a fait sien cet adage et termine son roman sur un dernier uppercut, qui envoie Jack au tapis pour le compte, et nous laisse nous aussi sonnés…

Ken Bruen – La main droite du diable

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«Ivrogne Petite cinquantaine, Récemment libéré de l’asile psychiatrique, Cherche emploi bien rémunéré.» Les choses vont mal pour Jack Taylor.

Certes il a arrêté de boire, mais après avoir végété dans un asile psychiatrique, il se retrouve dans les rues d’un Galway qui lui semble inconnu. En quelques mois, tout paraît avoir changé. Jack ne reconnaît plus rien dans cette Irlande en pleine prospérité économique.

Taraudé par le remords après la mort de la petite Serena May, il essaie de remettre un peu d’ordre dans sa vie. Il accepte avec réticence d’enquêter sur la mort d’un prêtre retrouvé décapité dans son confessionnal. Dans un pays dont les valeurs vacillent, alors que les scandales pédophiles secouent l’Église catholique irlandaise, Jack Taylor va devoir faire face à ses pires démons…

Ce que j’en pense:

Jack, désormais sobre parait s’être assagi, mais la torture du manque d’alcool le taraude toujours, et cette violence qui est en lui se manifeste à l’égard des personnes qui l’entourent.

Cette nouvelle sobriété ne lui apporte pas la paix à laquelle il aspire, toujours prisonnier de sa responsabilité dans la mort de Serena May, la fille de ses amis. L’arrivée de cette nouvelle affaire et la rencontre avec Cody, un jeune homme désireux de travailler avec lui et qui pourrait être un substitut de fils, pourrait laisser croire à un futur moins sombre.
Après tant d’années noyées dans l’alcool, qu’ il a traversé sans les voir vraiment, Jack se retrouve dans une Irlande qu’il ne reconnaît plus, où tous ses repères ont disparu.

L’enquête sur la mort du prêtre est presque secondaire, elle sert surtout de point de départ à une peinture désenchantée de cette nouvelle Irlande, à ce bouleversement des valeurs que connaît ce pays, et ses habitants, lancés dans une course effrénée au profit.

On retrouve encore cette atmosphère très pessimiste propre à Bruen, et c’est aussi l’occasion pour lui de mener une violente charge anticléricale, contre cette toute-puissante église catholique, qui a façonné pendant des siècles la société irlandaise.

Encore un très bon Bruen !!!