Janis Otsiemi – Le festin de l’aube

Libreville, Gabon : Tard dans la nuit, sous une pluie battante, le lieutenant Boukinda rentre chez lui après une fête de mariage. Soudain, une forme surgit de la nuit et il ne peut éviter le choc. Il descend de voiture et découvre qu’il a heurté une jeune femme. Le visage ruisselant d’eau et de sang, elle est presque nue, seulement vêtue d’un slip. Il la conduit immédiatement aux urgences de l’hôpital, ou elle est immédiatement prise en charge.
Le lendemain, Boukinda, choqué par cet accident, va prendre des nouvelles de la jeune inconnue.
Le médecin qui s’est occupé de la jeune femme, lui annonce qu’elle est décédée dans la nuit. Les marques qu’elle portait sur le corps attestaient des sévices subis : elle a été ligotée, sauvagement violée, et porte sur le corps des marques de brûlures de cigarette. La mort a été causée par de multiples morsures de vipère.
La même nuit, un camp militaire voisin est la cible d’un vol. Les malfaiteurs emportent avec eux une importante quantité d’armes, de détonateurs et d’explosifs.
Quelques jours après, un fourgon de la BEAC (Banque des États de l’Afrique Centrale) est attaqué en pleine ville, bloqué par une voiture piégée et arrosé à l’arme lourde. Une opération sanglante, et cinquante millions de francs CFA envolés dans la nature. Le mode opératoire suggère la piste du grand banditisme, les premières conclusions démontrant bien vite que les armes et explosifs volés ont servi à ce braquage.
Les deux enquêtes,  l’une confiée à la Gendarmerie et l’autre à la PJ vont finir par se rejoindre, et mettre à jour un complot visant la tête de l’État.

Depuis ses premiers romans, Janis Otsiemi nous fait découvrir son pays et sa capitale, toujours gangrenés par les mêmes maux, hérités de la Françafrique : La pauvreté et la corruption sont omniprésentes, le clanisme et le népotisme  érigés en institution.

« – Je croyais que le colonel avait déjà une secrétaire !
La remarque était pleine d’ironie. Ella le comprit. Koumba le comptait parmi ceux qui léchaient les bottes du colonel Essono et bénéficiaient de ses largesses depuis que celui-ci était arrivé quatre ans plus tôt à la tête de la PJ. Et en bon tribaliste comme on en croisait dans toutes les administrations publiques du bled, Essono, pour asseoir son autorité, avait recruté ses affidés parmi les originaires de son ethnie. »
                                          

Comment alors s’étonner que, depuis un demi-siècle, une même ethnie soit aux commandes du pays et s’enrichisse sans vergogne ?  Les fonctionnaires de l’armée et de la police, même les plus intègres, ont bien du mal à ne pas céder de temps en temps à la tentation.

« La guerre de succession de Papa Roméo père, décédé en juin 2009, était larvée entre ses dauphins putatifs. Et les élections présidentielles anticipées remportées par papa Roméo fils n’avaient pas liquidé le contentieux. Beaucoup de ses concurrents au sein du parti au pouvoir, qui avaient rejoint l’opposition avec armes et trésor de guerre, n’avaient pas digéré comment ce « suceur de roue », longtemps confiné à la lisière du pouvoir du vivant de son père, avait pu les coiffer sur le poteau. »

Ancré dans une réalité sociale et économique bien réelle, dans un contexte politique agité, ce roman policier à l’intrigue finement tricotée, nous dévoile les deux visages de l’Afrique : une qui aspire à la modernité et la richesse, et l’une autre plus attachée à ses racines ancestrales.
Le style est vif et abrupt, sans fioritures, dans une langue inventive, imagée, émaillée de gabonismes qui apportent au récit quelques notes d’un humour décalé.  Réjouissants aussi, les aphorismes et maximes en tête de chapitre qui renforcent « l’africanité » du récit.
Janis Otsiemi réussit à combiner dans un même roman une intrigue policière bien ficelée et le portrait subversif de la société gabonaise et de ses institutions en état de déliquescence.
Au travers d’une œuvre de fiction, c’est un constat amer sur la situation du Gabon d’aujourd’hui. C’est un roman sombre, puissant, et plein d’une humanité désenchantée, que je ne peux que conseiller aux amoureux de l’Afrique… et aux autres !
Éditions Jigal, 2018.

4ème de couv :

En pleine nuit et sous une pluie tropicale, une femme surgie de nulle part vient se jeter sous les roues de la voiture du lieutenant Boukinda. Bouleversé par ce tragique accident, il veut savoir d’où sort cette inconnue, d’autant que son décès semble suspect… Au même moment, à quelques kilomètres de là, plusieurs individus pénètrent dans un camp militaire et s’emparent de nombreuses armes et d’un stock d’explosifs. Plus tard, c’est dans une ville en ébullition, gangrénée par la violence et la pauvreté, qu’un braquage sanglant transforme le quartier en zone de guerre… Les forces de sécurité, en alerte maximum, sont à la recherche de truands visiblement déterminés. Et c’est tout à fait par hasard que ces deux affaires, apparemment sans aucun rapport, vont se télescoper et révéler un terrible complot… Sur fond de haine, de repli identitaire et de crise électorale, flics et gendarmes vont alors devoir s’épauler pour tenter de déjouer cette conspiration…

L’auteur :

Janis OTSIEMI est né en 1976 à Franceville au Gabon.
Il vit et travaille à Libreville. Il a publié plusieurs romans, poèmes et essais au Gabon où il a reçu en 2001 le Prix du Premier Roman gabonais.
Autres romans:
La vie est un sale boulot (2009)
La bouche qui mange ne parle pas  (2010)
Le chasseur de lucioles (2012)
African tabloïd (2013)
Les voleurs de sexe (2015)

Pascal Martin – La Reine Noire

Il était une fois, dans le village de Chanterelle, avant la crise, une raffinerie de sucre, qui employait la quasi-totalité du bourg. On l’appelait la Reine Noire, sa haute cheminée de l’usine était comme un phare pour toute la région. Le conte de fées s’arrête là. Un jour, mondialisation oblige, l’usine est délocalisée en Indonésie. Depuis lors, les jeunes s’en vont chercher du travail ailleurs, et l’usine et le village se meurent lentement.
Seul le bistrot de la mère Paillet conserve un semblant d’activité, ainsi que l’auberge du vieux Joe, qui a du voir passer tous les couples illégitimes du village.

«  Il remonta dans sa voiture, longea de nouveau la voie ferrée, tourna à droite sous le pont et déboucha au pied de la grande cheminée. Autour d’elle les bâtiments étaient éventrés, fenêtres éclatées, charpentes crevées, fûts et citernes rongés par la rouille. Les façades des silos étaient lézardées, couvertes d’humus. De longues traînées jaunâtres s’écoulaient des toits comme des pleurs séchés.
L’usine qu’on appelait autrefois la Reine Noire n’était plus qu’une carcasse de ferraille, un vieux cadavre décharné. »

Un jour arrivent au village deux hommes au look diamétralement opposé. L’un a le style gothique, tout habillé de noir, les yeux cachés par d’épaisses lunettes noires, comme un masque de soudeur. Il conduit une luxueuse décapotable BMW dont s’échappent des accents de musique médiévale à plein volume. C’est Toto Wotjiek,qui traînait derrière lui une réputation de sale gosse, et a quitté le village il y a longtemps. Son père, un ouvrier polonais descendait un litre de pastis par jour, et sa mère contre une passe gagnait de quoi remplir la marmite. Il a fait fortune ailleurs, on ne sait où ni comment.
L’autre porte un costume de bon faiseur, le bouc bien taillé, les cheveux enduits de Pétrole Hahn, et il s’asperge abondamment d’Habit Rouge. Il s’appelle Michel Durand, il est flic et lui aussi a vécu son enfance à Chanterelle, où son père fut le dernier directeur de l’usine.

Peu après leur arrivée, des évènements étranges se produisent dans le village : poules égorgées, cimetières profanés… Jusqu’à la mère Lacroix, qui assassine sa fille débile avant de se donner la mort.

Il n’en faut pas plus pour que le village s’alarme et réclame un coupable.  Toto Wojtiek est le bouc émissaire tout désigné. Son père, cet ivrogne de polack, ne tuait-il pas les chats ?

Toto Wojtiek et Michel Durand sont revenus au village dans un but bien précis. Tous deux ont des comptes à régler avec leur passé et la Reine Noire. En habiles manipulateurs, ils placent leurs pions  en de subtils gambits sur l’échiquier de Chanterelle où trône la Reine noire, promise à une prochaine démolition.

Dans le bistrot de la mère Paillet, autour du comptoir, les commérages vont bon train entre les pochetrons du coin, prompts à passer de l’invective à la flatterie et la servilité.

« – L’ancienne bonne du curé. Elle vient me faire un peu de ménage et la bouffe.
– Elle ne travaille plus au presbytère ?
– A force de lui bourrer le cul, l’abbé a fini par lui coller un polichinelle dans le tiroir. L’évêque n’a pas apprécié, d’autant plus que la môme a des courants d’air dans le caberlot. Il a envoyé le curé faire le guignol dans un monastère en Bretagne. »

Et au fur et à mesure de l’avancée du récit, se font jour toutes les lâchetés, les compromissions, les secrets gênants que l’on étale maintenant au grand jour.
L’intérêt de ce roman réside surtout dans son duo de héros qui sortent vraiment de l’ordinaire, un flic et un tueur vraiment à contre-emploi, où le méchant n’est pas toujours celui que l’on attend. Les personnages secondaires, comme Marjolaine, la mère Lacroix, Joe, ou Milos, le fils du maire Spätz, sont d’une réelle épaisseur, et contribuent à donner du corps au récit.
La narration est fluide et le récit habilement structuré. Malgré la noirceur et la violence  qui habitent ce roman, l’auteur se laisse aller par moments à un style plus gouailleur qui contribue à alléger l’ambiance délétère de suspicion qui plombe toutes les pages.
Dans un environnement social glauque, en pleine décomposition, un univers aux limites étriquées, Pascal Martin orchestre à merveille ce duel entre deux hommes que tout sépare, jusqu’au dénouement, pas très moral, mais tellement légitime.
Il signe là un roman social d’un réalisme brut. Noir, machiavélique et violent, c’est une belle lecture, que je vous recommande.

Éditions Jigal, 2017

4ème de couv :

En ce temps-là, il y avait une raffinerie de sucre dont la grande cheminée dominait le village de Chanterelle. On l’appelait la Reine Noire. Tous les habitants y travaillaient. Ou presque… Mais depuis qu’elle a fermé ses portes, le village est mort.

Et puis un jour débarque un homme vêtu de noir, effrayant et fascinant à la fois… Wotjeck est parti d’ici il y a bien longtemps, il a fait fortune ailleurs, on ne sait trop comment… Le même jour, un autre homme est arrivé. Lui porte un costume plutôt chic.

 L’un est tueur professionnel, l’autre flic.

Depuis, tout semble aller de travers : poules égorgées, cimetière profané, suicide, meurtre… Alors que le village gronde et exige au plus vite un coupable, dans l’ombre se prépare un affrontement entre deux hommes que tout oppose : leur origine, leur classe sociale, et surtout leur passé…

La Reine Noire est peut-être morte, mais sa mémoire, c’est une autre histoire…


L’auteur :
Pascal Martin est né en 1952 dans la banlieue sud de Paris. Après une formation en œnologie, il devient journaliste, fonde sa boîte de production et parcourt le monde comme grand reporter. Ses reportages, très remarqués, sont alors diffusés sur toutes les chaînes de TV. En 1995 il crée les « Pisteurs », des personnages de fiction qui reposent sur son expérience de journaliste d’investigation, pour une série de films diffusés sur France 2. Après avoir enseigné quelques années au Centre de formation des journalistes, il développe avec Jacques Cotta une série de documentaires « Dans le secret de… » qui compte aujourd’hui plus de 40 numéros. Il réalise à cette occasion « Dans le secret de la prison de Fleury-Mérogis » et « Dans le secret de la spéculation financière ».
Pascal Martin s’est toujours inspiré de ses enquêtes journalistiques pour nourrir ses personnages de fiction en les inscrivant dans une dimension sociale et environnementale. Et ce n’est sûrement pas LA REINE NOIRE qui dira le contraire.

Clayton Lindemuth – En mémoire de Fred

Après son premier roman « Une contrée paisible et froide », salué par la critique, Clayton Lindemuth nous revient avec un nouveau roman rural, aussi noir et rugueux.

Baer Crichton est un vieux garçon, fruste et macho, un « redneck » doté d’un grand sens moral. Il vit seul au milieu des bois, avec pour seule compagnie un pitbull du nom de Fred, avec qui il a de longues conversations muettes, pendant que son alambic distille la meilleure gnôle de tout le comté. La vente de cet alcool lui assure un revenu confortable qu’il transforme régulièrement en pièces d’or que tel un Leprechaun, il cache dans le creux d’un arbre.

Depuis son enfance, il est porteur d’un don bien particulier : depuis que son frère Larry l’a électrocuté, il a acquis ce pouvoir mystérieux qui lui permet de discerner les menteurs, car leurs yeux émettent une lueur rouge et il ressent dans tout le corps des fourmillements électriques. « Que ce pouvoir soit une bénédiction ou une malédiction, je tâche de le noyer dans l’alcool. A force, j’y suis presque arrivé. »

Un jour une camionnette dépose devant son campement le corps de Fred, son pitbull. Le chien est salement amoché, le poitrail déchiré et les yeux couverts de croûtes. Il s’avère que Fred a été enlevé et contraint de participer à un combat de chiens, livré en pâture à un adversaire beaucoup plus aguerri. Ces combats de chiens sont organisés toutes les semaines sous la houlette de Joe Stipe, un gros bonnet du coin.

« Une vingtaine d’enfoirés. L’un d’eux a kidnappé Fred.
Ça ne va pas lui porter chance.
Accroupi derrière un orme, je me tasse contre l’écorce lisse.
Il fait si sombre que je pourrais me redresser pour agiter mon zob sans qu’ils s’en aperçoivent. La petite arène est éclairée par une lampe à kérosène, sa lumière orange vacille dans le tourbillon des papillons de nuit ; tout autour, les fêtards rigolent, braillent, sifflent comme s’ils mataient des filles à poil. D’où je suis, pas moyen de distinguer les combattants qui s’étripent au milieu de l’arène, deux chiens élevés dans ce but ou peut-être volés à un gosse ; ou alors à un pauvre con comme moi. »

Baer n’entend pas laisser impuni cet acte de cruauté envers son ami Fred. Il va donc tâcher de retrouver celui qui l’a enlevé, et nul ne doute que sa vengeance sera terrible. « Œil pour œil, dent pour dent », la punition doit être à la mesure de l’offense.
Les solides raclées qu’il endure en se frottant aux sbires de Stipe, au lieu de le freiner, ne feront que le conforter dans son projet initial, et seul contre tous, il va rendre coup pour coup, jusqu’à accomplir sa vengeance ultime.

Baer est un personnage que son don a contribué à éloigner des autres. La sensation pesante de vivre dans un monde entouré de menteurs l’a conduit à choisir le mode de vie sauvage qui est le sien. Son code moral est très rigoureux, et il ne tolère pas l’injustice. Ses seuls élans de tendresse sont réservés à son chien Fred, à Ruth la femme qu’il a aimée jadis avant qu’elle ne choisisse son frère Larry, et à Mae, la fille de celle-ci, qui élève seule les trois enfants qu’elle a eus avec ce bon-à-rien de Cory Smylie, le fils du shériff.

Les personnages évoluent dans un milieu très fermé de petite ville de cambrousse, un univers particulièrement fruste, où malgré la poussée du monde moderne, les vieilles habitudes des « rednecks » locaux, telles l’alcool, les trafics, et les violences conjugales font toujours partie du quotidien.

« Nulle part dans cette société, sauf autour de l’arène de Stipe, les hommes ne pouvaient encore éprouver des sensations fortes. Rien d’autre ne remplissait leurs narines de l’âcre odeur du sang, plus rien ne satisfaisait leur soif innée de carnage. »

Comme le dit l’auteur, il écrit du noir, car le monde dans lequel il vit est un endroit sombre. Ses personnages sont « profondément imparfaits parce que, même pour les meilleurs d’entre nous, le bien doit être un sacré bagarreur de rue pour vaincre le mal qui est inhérent à notre nature. » Le scénario est prenant et les personnages sont bien dessinés. Il n’est pas tendre avec eux, sauf pour les rares personnages féminins de l’histoire, et peut-être aussi pour Baer qui, même s’il commet des actes abominables, agit en réaction aux torts qui lui ont été causés, en quelque sorte pour rétablir un certain équilibre des choses.

L’écriture est très vivante et imagée, le langage parfois un peu cru, avec ça et là quelques touches d’humour. L’auteur alterne au fil des chapitres les points de vue de Baer et des autres protagonistes de l’histoire, les sbires de Stipe, son frère Larry et sa fille Mae.

Sur fond d’alcool, de violence et de mort, ce roman, bien que très rugueux, est aussi plein d’humanité, mais dans ce qu’elle a de plus brut, aux extrêmes du bien et du mal.

Dans le cercle des auteurs de noir rural, Clayton Lindemuth est en train de faire sa place au soleil, et je gage que ce roman rencontrera sans doute un beau succès, amplement mérité.

Merci à la Masse critique de Babelio et aux Éditions Seuil pour ce bon moment de lecture.
Éditions Seuil/Cadre Noir, 2017

4ème de couv :

Baer Creighton est un cul-terreux fruste et macho obsédé par le Bien et le Mal. Depuis que, gamin, son grand frère Larry a essayé de l’électrocuter, il reçoit une décharge chaque fois que quelqu’un lui ment. Ou alors il voit une lueur rouge dans les yeux du menteur. Un don fort utile, mais est-ce suffisant maintenant qu’il faut venger Fred ? Le pitbull, son seul ami dans les bois de Caroline du Nord où il vit pas très loin des personnages de Ron Rash, a été kidnappé. On le lui a rendu en piteux état, victime d’un des impitoyables combats de chiens clandestins qu’organise l’abominable Joe Stipe, le caïd de la région. Quand il ne soigne pas Fred devenu quasi aveugle, Baer distille une gnôle si sublime que tout le monde lui en achète, le shérif compris. Ça lui donne du courage pour mûrir son plan. Non qu’il en manque, mais, en face, l’ennemi surarmé est en nombre et la lutte semble inégale. « Œil pour œil, dent pour dent », tel est le code de l’honneur hérité des pionniers. Baer l’appliquera jusqu’au bout. Voire plus loin.

L’auteur :

Né dans le Michigan, Clayton Lindemuth a grandi dans l’ouest rural de la Pennsylvanie et étudié à l’Arizona State University.
Désormais établi dans le Missouri, il gagne sa vie comme consultant financier et assureur ; le reste du temps, il pratique l’ultrafond et la menuiserie.
Il écrit du noir, car « c’est là qu’il vit ».
Encensé par la critique qui voit en lui un digne héritier des maîtres du roman noir rural comme Tom Franklin ou Donald Ray Pollock, Une Contrée paisible et froide (Seuil/Policiers, 2015) a également rencontré un accueil critique enthousiaste en France.
En Mémoire de Fred (Seuil/Cadre Noir, 2017) est son deuxième roman publié en France.

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Gérard Coquet – Connemara black

Les lacs du Connemara de Gérard Coquet, ce n’est pas de la chansonnette à Sardou. Ça ne fait pas dans la dentelle… Ça peut être noir, tordu et sacrément vicieux.

Ciara McMurphy a quitté son village de Clifdén, au cœur du Connemara, après quelques mois d’un mariage aussi précoce que raté. Elle a quitté son village pour s’engager dans la Garda Síochána, la police de la République d’Irlande. Elle n’est revenue au pays qu’une fois, pour les funérailles de son amie d’enfance Jessica, proche des milieux nationalistes de l’IRA. Alors qu’une série de meurtres ébranle la ville de Galway, les premiers indices pointent vers les milieux nationalistes de Clifdén. En raison de sa connaissance du village, c’est à Ciara que le commissaire Grady confie le dossier.
 « – L’Enfer sur Terre !
En répétant cette phrase, elle prit conscience de son erreur. Ce coin de landes et de tourbières dont elle ne conservait que des souvenirs épars était celui de ses racines : la maison de Roundstone, les courses de chevaux sur la plage d’Omey, les moments de pêche à la mouche avec son père, sur les lacs de la route des Bogs. Elle aimait le vent, l’odeur de la marée, les rochers à la pointe d’Aughrus fracassés par l’océan, les doigts boudinés de Peter o’Toole glissant son bottleneck sur le manche crasseux de son Dobro, la mélodie d’une complainte au Boat Club, incertaine et cristalline, étouffant les discussions avant d’installer sa prière au fond du pub. C’était ça dont elle avait besoin. »

Dans les pas de la belle Ciara McMurphy, « plus revêche à apprivoiser qu’un poney des tourbières », Gérard Coquet nous convie au voyage dans une Irlande sauvage et âpre, dans des paysages d’une grande beauté naturelle, peuplé de gens d’une apparente rudesse, attachés à leur traditions. Ici, la magie et le surnaturel ne sont jamais bien loin du quotidien.
A Clifdén, terreau de nationalistes et de résistants, la population est bien peu encline à collaborer avec une représentante de la Garda, fut-elle originaire du pays. Mais Ciara, belle est sauvage comme une Connemara Black, est aussi têtue comme un âne, et n’est pas d’un tempérament à s’en laisser conter. Les mobiles et les suspects ne manquent pas, pas plus que les cadavres, qui s’accumulent avec une inquiétante régularité.
Parmi tous les gens de Clifdén, le vieux Zack McCoy, le père de son amie Jessica assassinée, semble être le seul à détenir les secrets qui lui permettraient de boucler son enquête. Mais lui pardonnera-t-il un jour d’avoir quitté les siens ?
« Zack s’était habitué depuis longtemps à l’idée de mourir. Par contre celle de partir avant d’avoir vengé Jessica lui était insupportable. Si Dieu lui ôtait ce privilège, la seule personne susceptible de mener à bien sa mission s’appelait Ciara McMurphy. Une garda ! La  vie était une vraie tartine de merde ! »
Des tourbières aux lacs du Connemara (bien sûr !), en passant par les rivières à truites et à saumons, l’auteur nous embarque dans une enquête particulièrement touffue, peuplée de personnages hauts en couleurs, des méchants mais aussi des bons, pour certains d’entre eux très attachants.
On imagine les senteurs de feux de tourbe, les arômes de whisky et l’ambiance animée des pubs, entre discussions sur les matches de rugby, de football gaélique, ou bien des courses de chevaux, au son des airs traditionnels de musique irlandaise comme Fields of Athenry, Dirty Old Town, Bed of roses, etc…
Le scénario est très bien structuré, l’écriture agréable et précise, pleine de poésie, avec de temps à autre un peu de légèreté de ton avec des expressions très imagées comme « con comme un saumon sans tête » ou bien « -Tu sais Blacky, la vie est une sacrée tartine de merde, et crois-moi, on n’est pas des mouches. » absolument réjouissantes.

En plus de l’indéniable qualité de son écriture, l’auteur s’appuie sur une solide connaissance du terrain, entretenue année après année par des sessions régulières de pêche au saumon. Il a aussi mis au service de ce roman un très gros travail de documentation sur les mythes fondateurs du pays comme « La razzia des vaches de Cooley », et sur les différentes composantes de la frange nationaliste (IRA et autres organisations).
Les amateurs de pêche seront également réjouis par sa connaissance du sujet, et nul doute que les noms de mouches, telles Connemara Black, Green Peter Olive, Ally’s Shrimp, Steelhead Highlander, Copper Killer, Black Ghost évoqueront pour eux des promesses de pêche miraculeuse.

On sent vraiment que Gérard Coquet a pris un grand plaisir à écrire ce polar tortueux, sombre et noir, et en même temps empli du romantisme et de la magie de la verte Erin.
Cela pour ma plus grande satisfaction et l’occasion  d’un très bon moment de lecture.

Éditions Jigal Polar, 2017

Pour rester dans l’ambiance :
avec « The star of the county down » de Loreena McKennit, une grande dame de la musique celtique.

4ème de couv :

La Connemara Black est une mouche artificielle permettant au pêcheur de ne jamais rentrer bredouille… C’est également le nom d’un ancien groupe armé de l’IRA, l’Armée Républicaine Irlandaise. Mais c’est aussi le surnom donné aux filles vivant dans cette baie, à l’ouest de l’Irlande. Elles sont souvent très belles mais plus revêches à apprivoiser qu’un poney des tourbières. Ciara McMurphy en est une. Après un mariage raté, elle a fui la région et s’est engagée dans la Garda, la police locale. Mais lorsqu’une série de meurtres balaie la ville de Galway, c’est elle que le commissaire Grady choisit d’envoyer sur ses terres natales afin de surveiller ce qui reste des indépendantistes. Et entre autres le vieux Zack, un chef de clan, un patriarche qui – entre terres désolées, légendes d’un autre temps, cimetières abandonnés et ex-combattants de tous bords – veille dans l’ombre… Mais sur quoi veille-t-il ?

L’auteur :

Gérard Coquet est né le jour anniversaire de la mort de Louis XVI… le 21 janvier 1956. Mais il jure encore qu’il n’y est pour rien. Issu d’une longue lignée de blanchisseurs, il passe son enfance avec sa jumelle à se cacher au milieu des draps séchés au vent. Puis dans un ordre aléatoire se succèdent le collège des Lazaristes, un diplôme d’expert-comptable, la guitare basse et la création de ses premières chansons. D’ailleurs, tout vient sans doute de là, l’écriture…
Après la reprise de l’entreprise familiale, il devient juge consulaire avant de créer récemment un cabinet d’archi. Ce qui ne l’a jamais empêché d’adorer la charcuterie, le gamay, le tablier de sapeur et la cervelle de canut ! Sauf bien sûr quand il se ressource en Irlande avec la pêche à la mouche et la Guinness.

Source : Éditeur Jigal

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Janis Otsiemi – Les voleurs de sexe

Le titre de ce dernier polar de « mon compatriote gabonais » Janis Otsiemi trouve son origine dans une folle rumeur, une légende urbaine apparue au Nigéria dans les années 70. Des individus pourraient voler le sexe d’autres personnes, simplement par simple contact, en leur serrant la main ou leur touchant le bras.
Cette rumeur se propage bien vite dans les rues des différentes capitales africaines, dont Libreville.
Ces affaires déclenchent bien souvent un grand désordre car, une fois le « voleur de sexe » identifié, à tort ou à raison, il se trouve bien rapidement lynché et battu à mort par la populace.

Dans leur quartier d’Akébé 2, Benito, Tata et Balard, jeunes paumés désœuvrés, dont les soirées s’écoulent entre la bière, la musique de rap et les filles, sont témoins d’un accident d’automobile. En s’approchant du véhicule, ils voient que le conducteur est « cadavéré » et remarquent, sur le siège arrière, une mallette. Sans une hésitation, Tata s’empare du bagage et quitte la scène de l’accident.
Dans la mallette, il y a trois cent mille francs CFA et une enveloppe contenant une dizaine de photos de hauts responsables politiques  gabonais lors d’une cérémonie de la franc-maçonnerie.
« Sur la photo, un homme.
Il se tenait debout devant un pupitre. Il était engoncé dans un costume noir dont les épaulettes étaient constituées de rosettes frappées aux couleurs du drapeau national – vert, jaune, bleu. Ces rosettes retenaient un collier composé de onze étoiles séparées par des entrelacs au bout desquels pendait un pendentif serti d’un compas. Tata remarqua le tablier ceinturant les reins de l’homme et ses mains gantées de blanc.
Les cheveux gominés, le visage gras, la petite taille… finirent par achever le portrait du personnage sur la photo. Ce visage lui était familier. Autant à lui qu’à ses potes. Ce qui expliquait leur étonnement. Ils le voyaient tous les jours à la télé. Sur la première chaîne nationale. »
Un de ces hauts personnages n’est autre que Papa Roméo (le Président de la République), en train de prêter serment. Les trois lascars décident de contacter un ami journaliste pour essayer de tirer un avantage financier de ces photos.

« Pepito descendit du véhicule, habillé comme un épi de maïs. Il était habillé d’une veste bleue assortie à ses pompes. Il barreauda les deux portières automatiquement puis traversa la rue sous le regard des passants. Pepito avait grandi dans le patelin et y était connu comme un adepte de la sapologie. En bon frimeur, il sortit son mouchoir et essuya ses pompes – des Tod’s à 280 000 F CFA la paire – puis disparut entre deux maisons. »

Un autre trio, Pepito, Kader et Poupon, projettent de tendre un guet-apens au patron de China-Wood, après qu’il soit passé à la banque, et le délester de la somme qu’il a retirée pour la paye de ses employés.
Chargez de ces deux enquêtes deux policiers ripoux, des « mange-mille » comme on dit de manière très évocatrice dans le langage populaire, et vous aurez un tableau assez précis de ce que nous donne à voir ce roman de Janis Otsiemi. Il tricote ses trois histoires avec maîtrise, sans que le lecteur ne perde jamais le fil, ni ne s’ennuie une seule seconde, en compagnie de ces Pieds Nickelés.

Les personnages de son roman ne sont pas franchement mauvais. Ils sont même assez attachants, ces jeunes Gabonais, dans leur recherche d’une vie meilleure, même si c’est en prenant quelques libertés avec la loi. Et on a bien du mal à trouver vraiment antipathiques les deux policiers Koumba et Owoula. Tous sont bien représentatifs du petit peuple de ce Gabon d’aujourd’hui, où les richesses sont au bénéfice d’une minorité et où chacun cherche à tirer le meilleur parti du système, largement dévoyé.
« La Sobraga  (Société des brasseries du Gabon) était l’une des boîtes qui ne connaissait pas la crise. La consommation d’alcool était ici un sport national. Dans le dernier rapport de l’Organisation mondiale de la santé sur la consommation d’alcool, le Gabon se hissait à la troisième place mondiale derrière les Pays-Bas et à la première sur le continent africain. »

Le Gabon, aux yeux de l’observateur non averti, pourrait apparaître comme le pays idéal, un parangon de démocratie d’une prospérité infinie et d’une stabilité à toute épreuve. Pourtant, quand on y regarde de plus près, on est saisi par le contraste entre les mots et les choses.
Selon les propres mots de l’auteur :«L’opposition n’existe pas, il ne s’agit que de déçus qui auraient voulu prendre la relève de Bongo père et qui ne font qu’essayer de négocier leur retour à l’étable.» «Le pays est bradé, à la Chine, à Singapour, à Dubaï.»
Ce pays, aux mains de la dynastie Bongo depuis 1968, où chaque jour règnent un peu plus le népotisme, le clientélisme, la corruption et le vice, est bien à l’image de ce que devient l’Afrique d’aujourd’hui. Écartelé entre les sirènes du progrès et l’attachement à ses croyances et valeurs ancestrales, les marabouts et des sorciers de tout acabit y ont toujours une place de premier choix.

Janis Otsiemi est un véritable griot urbain qui nous fait un portrait peu flatteur de son pays, sans complaisance.  C’est un vrai conteur qui nous entraîne à sa suite dans ce roman,  écrit dans un style vif, rythmé et non dénué d’humour. Il réinvente le Français à chaque phrase, en une langue résolument moderne et vivante, émaillée de « gabonismes », ces mots et expressions originales qui sont un peu sa « marque de fabrique ».
Un très bon roman noir, qui ravira les amoureux de l’Afrique, dont je suis, et tous les autres.
Décidément, Janis Otsiemi se fait sa place dans le monde du polar, non seulement africain, mais du polar tout court.
Je recommande chaudement!

Editions Jigal, 2015

– A propos des « mange-mille », je vous livre ici une anecdote personnelle : lorsque je vivais au Gabon, j’avais l’habitude de glisser dans la pochette des papiers de mon véhicule un billet de 1000 F CFA (environ 3€). Lorsque j’étais contrôlé, ce qui m’arrivait régulièrement, je présentais les papiers de mon véhicule, et lorsqu’on me rendait la pochette, le billet avait disparu.
Les fonctionnaires de police sont tellement mal payés qu’ils résistent rarement à la tentation d’un petit surplus.

– A noter que l’épisode d’Ali Bongo et de la franc-maçonnerie est authentique. En 2010, une vidéo le montrant lors de son intronisation comme grand maître de la Loge Nationale du Gabon, a connu une large diffusion sur internet.

4ème de couv:

Voleur_de_SexeÀ Libreville, une folle rumeur envahit la ville et crée la psychose…
Dans la rue, tout le monde marche les mains dans les poches en évitant soigneusement d’approcher des inconnus… Il semblerait en effet que d’une simple poignée de main, de louches individus détroussent les passants de leurs « bijoux de famille » ! On les appelle les voleurs de sexe…
C’est dans cette atmosphère électrique que, parallèlement, les gendarmes de la Direction générale des recherches mènent leur enquête sur un trafic de photos compromettantes touchant le président de la République…
De son côté, la police recherche activement les auteurs du braquage qui a mal tourné d’un homme d’affaires chinois, laissant trois morts sur le carreau…
À Libreville, la vie n’est pas tous les jours un long fleuve tranquille…

L’auteur :

otsiemijpgJanis OTSIEMI est né en 1976 à Franceville au Gabon.
Il vit et travaille à Libreville. Il a publié plusieurs romans, poèmes et essais au Gabon où il a reçu en 2001 le Prix du Premier Roman gabonais.
Autres romans:
La vie est un sale boulot (2009)
La bouche qui mange ne parle pas  (2010)
Le chasseur de lucioles (2012)
African tabloïd (2013)

Christoffer Carlsson – Le syndrome du pire

C’est la fin de l’été à Stockholm. Leo Junker est réveillé en pleine nuit par le ballet lumineux des gyrophares des voitures de police. Dans son immeuble, trois étages en dessous, une jeune femme a été assassinée. Flic aux Affaires Internes (les bœuf-carottes), il est suspendu depuis une affaire récente qui a foiré et où son erreur a coûté la vie à un autre policier. Leo ne résiste pas à son instinct professionnel et se rend sur la scène de crime.
Serré dans la main de la morte, un fin collier doré qu’il reconnaît et qui le transporte quinze ans en arrière.

Leo, depuis cette mise à l’écart, se débat dans des problèmes d’addiction aux drogues qui lui ont été prescrites après « l’affaire », et dans le labyrinthe de ses sentiments pour son ex-compagne. Il va se lancer dans une enquête non officielle qui va rapidement devenir personnelle, comme les mobiles du meurtrier le conduisent  à affronter les fantômes de son passé.

Dans une narration parallèle, l’auteur nous raconte la jeunesse de Leo. Il a grandi à Salem, une banlieue ouvrière de Stockholm, où les tensions sociales et raciales sont importantes et où les enfants sont obligés de grandir vite.

« J’y ai vécu jusqu’à l’âge de vingt ans. À Salem, les bâtiments s’étiraient sur huit, neuf ou dix étages, vers le ciel, mais jamais si près de Dieu qu’il se donnât la peine de tendre la main pour les toucher. À Salem, les gens semblaient livrés à eux-mêmes et nous grandissions vite, devenant des adultes avant l’heure parce que nous n’avions pas d’autre choix. »…
« Nous n’avons pas grandi en songeant à remettre en question l’ordre des choses. Nous avons grandi en sachant que personne ne nous donnerait quoi que ce soit si nous n’étions pas déterminés à le leur prendre. »

En butte à des brimades et des humiliations de la part de deux garçons plus âgés, Leo est un garçon effacé, jusqu’à sa rencontre avec Grim, un garçon de son âge, et sa sœur Julia. Ces deux personnes vont à jamais changer le cours de son existence.

L’histoire sur la jeunesse de ces protagonistes et des liens qui les unissent passe au premier plan, reléguant dans l’ombre l’enquête contemporaine sur le meurtre lui-même. Il devient rapidement évident que le mobile de ce meurtre se trouve dans le passé de Leo. Criminologiste de formation, l’auteur est plus intéressé par le comment, pourquoi et qui plutôt que par l’enquête de police traditionnelle.

Cette sombre histoire de deux amis d’enfance, pour qui la vie a pris des chemins différents, alors qu’ils proviennent du même milieu ouvrier modeste, et pour qui la rue tient lieu de terrain de jeux, est l’occasion de dépeindre avec acuité les problèmes et les inégalités de la société suédoise moderne. Il ne donne que peu d’espoir à ses protagonistes, et même son héros, Leo Junker traîne derrière lui une sombre mélancolie.

« C’était un endroit où nos parents s’étaient installés, en quête d’une vie heureuse, longtemps avant qu’ils ne deviennent si malsains. Dans nos immeubles de la résidence, nous nous mettions à la fenêtre et nous observions ce qu’il se passait en bas quand nous ne pouvions pas sortir. »

Malgré son jeune âge, Carlsson a construit un très bon page turner, à l’intrigue complexe mais intelligemment construite. Il retranscrit très bien la voix de la jeunesse en révolte et l’importance que les gens accordent aux actions de leur adolescence, quand ils regardent vers leur passé. Il nous fait pénétrer au plus profond de la psychologie de ses personnages dans ce récit à l’atmosphère obsédante. C’est fort, troublant et déconcertant, et par moments tout à fait douloureux.
Un jeune auteur à suivre, assurément.
Merci à la masse critique de Babelio de m’avoir permis de découvrir cet auteur.

Éditions Ombres Noires, 2015

4ème de couv:

syndrome du pireStockholm, fin de l’été 2013. Une jeune droguée, Rebecca Salomonsson, est abattue dans un foyer pour femmes. Trois étages plus haut, dans son appartement, Leo Junker est réveillé par les lumières des voitures de police. Flic, il travaille aux affaires internes, la division la plus mal vue, celle des « rats » qui enquêtent sur leurs collègues. Suspendu depuis « L’affaire Gotland », au cours de laquelle il a commis une erreur qui a coûté la vie à un policier, rongé par la culpabilité, Leo s’étiole dans son nouveau job.
Alcool, errances nocturnes, sa vie ressemble à un lent naufrage. Mais, dans le meurtre Salomonsson un indice le frappe particulièrement, qui fait ressurgir à sa mémoire des personnages troubles de son adolescence: Julia et John Grimberg. De plus, des messages énigmatiques arrivent à son portable. Et pourquoi a-t-il le sentiment diffus d’être suivi? Quand la réalité se délite, à quoi peut-on s’attendre, sinon au pire?

L’auteur:

© 2013 Fotograf Anna-Lena Ahlström +46-709-797817

© 2013 Fotograf Anna-Lena Ahlström +46-709-797817

Christoffer Carlsson est né en 1986 à Halmstad (Suède). Diplômé et enseignant en criminologie, « Le syndrome du pire  » est son deuxième roman publié en France, et le premier d’une trilogie mettant en scène l’inspecteur Leo Junker.
Il a été récompensé par le prix « Best crime novel » en Suède en 2013.