Qiu Xiaolong – Dragon bleu, tigre blanc

Reçu dans le cadre de la masse critique de Babelio, que je remercie au passage, ce roman de Qiu Xiaolong est le deuxième roman de cet auteur à me passer entre les mains.

L’inspecteur Chen, démis de ses fonctions, est affecté au poste de « Directeur de la Commission de réforme juridique de Shanghai », ce qui est en réalité un placard doré. Aurait-on voulu l’écarter d’affaires sensibles que l’on n’aurait pas agi autrement.

Alors qu’il profite de quelques jours de répit avant de prendre ses nouvelles fonctions, il se rend, en fils dévoué, au cimetière de Suzhou pour faire rénover la tombe de son père. Lors de son séjour dans cette ville, il échappe de peu à des traquenards qui visent à le compromettre.
« Sa mutation avait été orchestrée avec une précipitation inhabituelle. Le Congrès national du Parti était programmé pour la fin de l’année et le moindre incident risquait d’ébranler un programme politique top secret. Selon toute probabilité, une affaire sur laquelle il enquêtait risquait de mettre en danger une figure importante du Parti. Mais il ne voyait rien parmi les récentes missions de la brigade qui répondit à ces critères. »

Il va se trouver bien démuni pour se dépêtrer de cette affaire, comme il n’est plus policier, mais ses anciens amis viendront à point nommé lui apporter leur aide, fût-ce au péril de leur  sécurité, et de leur propre vie

Largement inspiré de l’actualité récente, avec l’affaire des « cochons-morts » et l’affaire Bo Xilai, qui secoua la Chine en 2012, et à laquelle il colle de très près. Ce haut dirigeant, étoile montante du parti communiste, qui fut compromis dans le cadre d’affaires financières et criminelles, d’écoutes téléphoniques illégales de haut dirigeants et de l’assassinat d’un homme d’affaires britannique Neil Heywood. Il est également largement inspiré par l’histoire personnelle de l’auteur, et de la situation de son père vis-à-vis du régime.

Après lecture, ce roman me laisse une drôle d’impression, pas franchement désagréable, mais mitigée. Certes, le style est tout à fait correct, et la narration bien maîtrisée, malgré la complexité de l’intrigue, bien que souffrant à mon avis, de pas mal de longueurs. Le contexte social est politique de la Chine actuelle y est bien expliqué et, heureusement pour les ignares comme moi en culture chinoise.
« La Chine changeait sans changer, Chen songea à l’émergence des oligarchies, une réalité nouvelle et ancienne du paysage politique chinois, et aux chants rouges célébrant le Parti depuis des décennies. »

Par contre, l’intrigue est absolument touffue et part dans toutes les directions. C’est assez difficile à suivre, d’autant que les noms des protagonistes chinois se ressemblent tous.
Rien de bien nouveau dans l’Empire du milieu de ce début de XXIème siècle. Le boom économique engendre l’apparition d’une classe de privilégiés (les Gros-sous), qui profitent copieusement du système, dans une grande course vers le profit, l’accumulation des richesses et des privilèges. Et au milieu de toute cette gabegie, le personnage de Chen semble bien seul et bien vulnérable.

« Avant, j’étais fier de mon travail. La police du peuple, la dictature du prolétariat et tout ça. Mais je suis trop vieux pour me laisser embobiner par les éditoriaux du Quotidien du peuple. A quoi bon travailler comme des chiens si c’est pour engraisser les gros rats rouges du Parti ? A l’agence, je gagne de l’argent sans tremper dans les eaux sales de la politique.»

On trouve dans le récit beaucoup de redondances, il mentionne je ne sais combien de fois « l’opéra de Suzhou », tant et si bien que ça en devient lassant. Son récit est émaillé de citations poétiques, qui manquent parfois d’à-propos.
L’histoire se traîne avec lenteur et, par moments, j’ai trouvé ce roman franchement ennuyeux.
Une lecture tout à fait moyenne, dont ce dragon bleu et ce tigre blanc n’entreront pas dans mon bestiaire personnel.

Éditions Liana Levi, 2014

4ème de couv.

DragonbleuStupeur à la brigade des affaires spéciales de la police de Shanghai. Sous couvert d’une promotion ronflante, l’inspecteur Chen est démis de ses fonctions. Après tant d’enquêtes menées contre les intérêts du pouvoir, pas étonnant qu’on veuille sa peau. Forcé d’agir à distance, inquiet pour sa vie, Chen affronte l’affaire la plus délicate de sa carrière tandis qu’à la tête de la ville, un ambitieux prince rouge et son épouse incarnent le renouveau communiste. Alors que dans les rues résonnent les vieux chants révolutionnaires, ambition et corruption se déclinent plus que jamais au présent. Avec une amère lucidité, Qiu Xiaolong réinterprète à sa manière le scandale Bo Xilai qui secoua la Chine en 2013.

L’auteur :

Qiu xiao longQiu Xiaolong, né à Shanghai en 1953, est un auteur chinois de roman policier, poète et amateur de taï chi.

Son père, professeur, est victime des gardes rouges pendant la Révolution culturelle vers 1966 et lui-même est interdit d’études plusieurs années. Néanmoins il réussit à apprendre l’anglais et à poursuivre ses études1.

En 1988, il rejoint l’Université de Saint-Louis dans le Missouri pour y poursuivre ses études. Alors qu’il devait rester une seule année aux États-Unis, il décide de s’y installer après les manifestations de la place Tian’anmen en 1989. En 1996, il soutiendra une thèse sur T. S. Eliot, prix Nobel de littérature en 19482.
Ses romans sont écrits en Anglais.

Qiu Xiaolong vit désormais aux États-Unis et enseigne à l’université de Saint-Louis.

Antonio Garrido – Le lecteur de cadavres

Antonio Garrido nous raconte l’histoire de Ci Song, dans la Chine du XIII siécle. Ce personnage, ayant réellement existé, est considéré par tous comme le père de la médecine légale. Il fut le premier à déterminer les causes de la mort de par l’observation des cadavres, d’où son titre.
D’une famille modeste, il va s’élever, par la seule force de son ambition et de son intelligence, et de ses extraordinaires capacités d’observation et d’analyse, jusqu’à intégrer la prestigieuse académie Ming où il compte étudier pour devenir un lecteur de cadavres, ultime étape avant d’obtenir le statut de juge.

« Avant d’avaler une bouchée, il se dirigea vers le petit autel qu’il avait dressé près d’une fenêtre, à la mémoire de son grand-père. Il ouvrit les volets et respira à pleins poumons. Dehors, les premiers rayons de soleil filtraient timidement à travers la brume. Le vent fit osciller les chrysanthèmes placés dans le vase des offrandes et raviva les volutes d’encens qui s’élevaient dans la pièce. Cí ferma les yeux pour réciter une prière, mais une seule pensée vint à son esprit : « Génies des cieux, permettez que nous retournions à Lin’an. »

Rien n’est épargné au jeune Ci Song. En plus de son don d’observation et de son intelligence, il cultive une curieuse propension à attirer sur lui tous les malheurs de la terre. A tel point qu’on se demande comment il arrivera entier au bout du roman. Tout au long, il est confronté à diverses embûches, et à peine se sort-il de l’une, une autre tuile lui tombe dessus. Mais il continue d’aller de l’avant, guidé par sa volonté, jus qu’à atteindre la cour, où il va être amené à enquêter sur une série de crimes dans l’entourage immédiat de l’Empereur. Là aussi, il devra jouer serré, allant jusqu’à parier sa propre vie, sûr de son intelligence, et de ses déductions, pour arriver à dénouer l’écheveau emmêlé de ces intrigues de Palais.

« Soudain, quelque chose bougea. Cí sursauta et, surpris, rejeta la tête en arrière, mais lorsqu’il s’aperçut qu’il s’agissait d’une petite carpe, il poussa un soupir de soulagement.
« Stupide bestiole. »
Il se leva et piétina le poisson, essayant de se calmer. Alors il aperçut une autre carpe avec un lambeau de chair dans la bouche.
Il voulut reculer, mais glissa et tomba dans l’eau au milieu d’un tourbillon de boue, de saleté et de sang. Malgré lui, il ouvrit les yeux en sentant une souche le frapper au visage. Ce qu’il vit lui paralysa le cœur. Devant lui, un chiffon enfoncé dans la bouche, la tête décapitée d’un homme flottait au milieu des débris végétaux. »

Après un début un peu lent, le temps de mettre en place les personnages et de poser les bases de l’histoire, le roman s’accélère dès que le jeune Ci quitte la ville de Li’Nan, pour prendre son allure de croisière, nous réservant à chaque chapitre un rebondissement, du suspense et des interrogations qui font qu’il nous devient difficile de lâcher ce bouquin.

Bien que la trame principale du roman soit fictive, ainsi que la curieuse capacité du personnage principal d’être insensible à la douleur, nous sommes là devant un thriller d’ atmosphère, saupoudré à tout moment de faits, de moments et de personnages historiques, d’une grande rigueur. Les procédures d’autopsie sont extrêmement détaillées, et nous donnent un bon aperçu des balbutiements de la médecine légale, bien loin des prouesses de Kay Scarpetta ou de Temperance Brennan.

«Iris Bleu m’a dit que Feng connaissait d’innombrables façons de mourir. Et il se peut que ce soit vrai. Peut-être existe-t-il vraiment d’infinies façons de mourir. Mais ce dont je suis sûr, c’est qu’il n’y a qu’une façon de vivre.»

Une histoire superbement documentée, contée dans un style impeccable rythmé, et où les descriptions ne viennent pas apourdir le récit, dans la Chine médiévale, dans laquelle les faits historiques authentiques sont judicieusement placés, ce qui donne à ce roman des accents de vérité. Cette Chine que l’auteur s’ingénie à nous rendre réelle, à travers les mille détails de la vie quotidienne, sur la vie des petites gens et des nobles.

On pourra trouver en fin d’ouvrage un très important glossaire, une mine d’informations sur les us et coutumes de la Chine de l’époque, et de très importantes données bibliographiques.

Un agréable voyage dans le temps et l’espace, très distrayant, un très bon moment de lecture.

Éditions Grasset, 2014

4ème de couv.

Le-lecteur-de-cadavres-713147-d256Inspiré d’un personnage réel, Le lecteur de cadavres nous plonge dans la Chine Impériale du XIIIe siècle et nous relate l’extraordinaire histoire de Ci Song, un jeune garçon d’origine modeste sur lequel le destin semble s’acharner. Après la mort de ses parents, l’incendie de sa maison et l’arrestation de son frère, il est contraint de fuir son village avec sa petite sœur malade.
Ci se retrouve dans les quartiers populaires de Lin’an, la capitale de l’Empire. où la vie ne vaut pas grand-chose. Il devient un des meilleurs fossoyeurs des « champs de la mort », puis, grâce à son formidable talent pour expliquer les causes d’un décès, il est accepté à la prestigieuse Académie Ming.
L’écho de ses exploits parvient aux oreilles de l’Empereur. Celui-ci le convoque pour enquêter sur une série d’assassinats qui menacent la paix impériale. S’il réussit, il entrera au sein du Conseil du Châtiment, s’il échoue : c’est la mort.
C’est ainsi que Ci Song, le lecteur de cadavres, devint le premier médecin légiste de tous les temps.
Un best-seller captivant et richement documenté où, dans la Chine opulente et exotique de l’époque médiévale, la haine et l’ambition se côtoient, comme l’amour et la mort.

L’auteur :

AVT_Antonio-Garrido_9704Antonio Garrido Molina, né en 1963 à Linares, dans la province de Jaén, est un écrivain espagnol, auteur de roman policier historique.
fait des études d’ingénieur industriel à l’université polytechnique de Las Palmas. Il est ensuite professeur à l’Université CEU Cardinal Herrera de Valence, puis à l’Université polytechnique de Valence.
Il amorce sa carrière littéraire en 2008 avec le roman policier historique La Scribe (La escriba), dont l’action se déroule dans la Franconie, en l’an 799. L’ouvrage devient un best-seller traduit dans une douzaine de langues. Le Lecteur de cadavres (El Lector de Cadáveres), paru en 2011, est un second roman policier historique, dont le héros, inspiré d’un personnage réel de la Chine impériale du XIIIe siècle, a le don d’expliquer les causes d’un décès grâce à un examen minutieux des corps.
Il vit à Valence.

(Source: Wikipedia)