Robin Cook – Les mois d’avril sont meurtriers

1656245_822981697717750_843591889_n4ème de couv.

Histoire d’un flic qui, par désespoir et nostalgie du « bon vieux temps », s’est réfugié dans une quête éperdue, impitoyable de la Justice.

Portrait, aussi, d’un tueur psychopathe, pervers, implacable et plein d’une étrange bonne conscience. Avec une galerie de pauvres types, d’indices, de malfrats miteux et de traîtres distingués.

Ce que j’en pense:

Un corps a été retrouvé, réparti dans quatre sacs poubelle, impeccablement alignés. Les dents ont été brisées, et le corps bouilli, rendant toute indentification très problématique. Le dossier est confié au service des Décès non éclaircis, « l’Usine » ou officie notre héros, le sergent détective sans nom.

Ayant vécu un terrible drame personnel, son épouse Edie a tué leur fille en la poussant sous les roues d’un bus. Il se sent responsable de ce drame, car il savait que sa femme était folle, et ce matin-là comme tous les autres, il s’est rendu à son travail. Sa femme est internée depuis, et tout ce qui fait que ce sergent est encore debout est son inextinguible besoin de justice
.
« …comment t’oublierai-je jamais à la fenêtre, tandis que tu me faisais un signe d’adieu de la main ? Oh, mon cœur souffre, les jours où je pense à cette horreur, causée par ma faute, et qui laisse en moi un vide effrayant qui ne saurait être comblé. »

Il est absolument réfractaire à toute forme d’autorité…
« Mais je ne suis pas insolent. Je suis impatient, voilà tout. L’ennui chez moi, c’est que je ne supporte pas les imbéciles. La justice, voilà ce qui me turlupine — pas le grade. »

Très vite, l’enquête s’oriente sur Billy McGruder, ancien para au passé chargé, déjà condamné pour meurtre. Au fil du roman, se forme une sorte de dialogue entre le policier et le tueur psychopathe qui complaisamment lui raconte ses crimes passés. Cette enquête pour meurtre va bientôt se retrouver au cœur d’une affaire d’espionnage industriel, avec des implications politiques.
Comme toujours chez Robin Cook, notre héros sans nom évolue au sein d’un monde glauque, désespéré, sans lumière, où tout s’achète et tout se vend. Dans cette faune de truands, de petits braqueurs, d’indics et de vrais tueurs, il trace sa voie vers la vérité, sans peur, sans arme, seulement animé par sa soif de justice, tellement fidèle à sa mission qu’il va jusqu’à se « fusiller » un examen qui aurait pu lui valoir une promotion.

Un très, très bon Robin Cook. Et si vous ne l’avez pas encore lu… Eh bien lisez-le !!!

Robin Cook – Quand se lève le brouillard rouge

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A sa sortie de prison, Gust, gangster professionnel, dérobe avec quelques complices deux mille passeports britanniques authentiques dont le prix minimum au marché noir est de mille livres l’unité.

Un joli pactole que des truands londoniens veulent négocier avec des éléments désormais incontrôlés de l’ex-KGB qui veulent se refaire une identité respectable et écouler des têtes nucléaires en provenance des arsenaux de l’ex-armée rouge.

Mais les services secrets anglais du contre-espionnage sont sur l’affaire. Ils finissent par récupérer les passeports, sauf deux, dont a bénéficié un couple d’aventuriers désireux de participer à la grande braderie nucléaire.

Ce que j’en pense:

Dès l’entame du roman, l’auteur nous plonge dans un milieu qu’il affectionne, le quartier des bars de SoHo, entre les ruelles mal famées et les meublés sordides, dans le Londres de la fin des années Thatcher, parmi des petites gens sans espoir d’un avenir meilleur. C’est dans ce monde qui lui était familier et où il a ses repères, que Gust va évoluer, pour tenter de se sortir de la nasse dans laquelle il s’est enferré.

Il se retrouve coincé entre les truands, les services de renseignement et les policiers et tous veulent lui mettre la main dessus, chacun pour différentes raisons. Il ne lui reste que peu d’amis à qui demander de l’aide, et tous disparaissent les uns après les autres, jusqu’à Petal, la femme qu’il a toujours aimée, torturée et sauvagement assassinée pour essayer de l’atteindre lui.

Robin Cook décrit à merveille le désespoir et l’obstination de cet homme blessé, qui avance vers son propre malheur, incapable de résister à l’implacable destin qui lui est promis. A un tel point de désintégration sociale et personnelle, dans un monde où la violence est monnaie courante, il n’a d’autre alternative que de tuer ou être tué. Il nous dépeint de façon fort réaliste l’ambiance de ces bars glauques, car on ne parle bien que de ce que l’on connaît.

Cette courte interview en est l’illustration.

http://youtu.be/VcvU4SW94GE

Les personnages sont bien campés, et chacun d’eux a en lui la même noirceur qui baigne toute l’histoire. Même les représentants de l’ordre ne sont pas irréprochables. Seuls Gust, son ami Johnny et Petal nous sont présentés sous un jour plus sympathique. Le style est direct, percutant, le récit est ponctué de scènes où la violence est présente, mais cette violence n’est pas gratuite, elle sert le propos de l’auteur.

La sècheresse, voire la brutalité du ton n’arrive pas à masquer l’immense empathie de l’auteur envers ses personnages. Il parvient quand même dans cet univers très noir, à nous réserver quelques touches d’humour, venant adoucir la noirceur et le désespoir omniprésents dans ce roman. Et quand enfin se lève le brouillard rouge, Gust voit clairement, il sait vers où il doit aller.

Cette scène finale, empreinte d’une intense émotion, donne à ce dernier opus valeur de testament, laissant le lecteur orphelin de toutes les histoires que l’auteur portait encore en lui.

L’AUTEUR:

R cookEn dehors de la France, Robin Cook est connu sous le pseudonyme de Derek Raymond. La faute à l’écrivain américain Robin Cook, spécialisé dans le thriller médical de série.

Fils de bonne famille, Robin William Arthur Cook né en 1931, passe sa petite enfance à Londres, puis dans le Kent pendant la guerre. Après un « bref » passage au prestigieux collège d’Eton, il part à la découverte du monde. Il a fait une multitude de petits métiers, parmi lesquels chauffeur de taxi, ce qui lui permettra d’acquérir une incroyable connaissance du Londres populaire. Il meurt à Londres en 1994.

Doué d’une plume ravageuse, Robin Cook figure parmi les maîtres du roman noir du XXe siècle.
Les lecteurs se souviendront de R. Cook comme d’un romancier déchiré par le besoin de comprendre le côté sombre de l’âme humaine, mais ceux qui l’ont connu se souviendront d’un homme d’un optimisme, d’un courage et d’un humour sans limites, un homme dont l’extraordinaire enthousiasme avait le pouvoir de transformer l’ambiance autour de lui.

 

Robin Cook – J’étais Dora Suarez –

 

 

1441412_772511216098132_205737633_nAttention… chef d’œuvre !!!

4ème de couv.

« Donnez-moi la main, vous tous, les vivants et les morts, et accordez une pensée, pendant un moment de générosité, à la pauvre Dora Suarez qui n’aurait jamais dû mourir à trente ans, massacrée à coups de hache.

 » Trois personnes sauvagement assassinées à domicile, en moins de trois heures et dans un rayon de deux kilomètres, voilà qui est assez inhabituel, même à Londres.

Brusquement réintégré dans la police en raison de cette boucherie cauchemardesque, l’officier chargé de l’enquête entame une singulière descente aux enfers de l’horreur. Et puisqu’il n’existe aucune loi qui rende le crime impossible, il décide de combler lui-même cette lacune. Par tous les moyens.

Ce que j’en pense :

Waouhhh !!! Quelle claque ! Ce roman m’a laissé carrément abasourdi… Le héros, à la lecture du journal intime de Dora, va littéralement tomber amoureux de la victime, entrer en empathie avec elle. Dans la littérature policière, on trouve pas mal de héros « cabossés » par la vie, mais cet inspecteur sans nom de « l’usine » est bien au-delà.

Selon sa propre vision des choses, il ne fait déjà plus partie du monde des vivants. Et il se fixe comme objectif de démasquer et punir le tueur, quitte à tout bousculer sur son chemin, sa hiérarchie comme les suspects qu’il est amené à interroger, parfois d’une manière à la limite.
Le roman débute par la description de la scène de crime, d’une précision clinique dans sa barbarie et dès la première page on fait connaissance avec le tueur, torturé, odieux, malsain. Tout au long du roman, Dora Suarez revit dans les pensées du policier, alors que l’enquête elle-même nous conduit vers les zones les plus sombres de l’âme humaine.

Avec ce roman noir, très noir, un roman sur l’impuissance d’aimer un « roman en deuil » comme se plaît à le définir l’auteur, d’une grande cruauté mais également marqué par l’humanisme de son personnage principal, M. Robin Cook entre dans le panthéon des grands du roman noir.