Maurice Gouiran – L’ Irlandais

Clovis Narigou, ancien journaliste d’investigation, est maintenant éleveur de chèvres à La Varune, sur le massif de la Nerthe, au nord de Marseille. De passage au Beau Bar, un bistrot où il a ses habitudes, il apprend la mort de son ami Zach Nicoll, « l’Irlandais ». Après avoir débuté dans le street art contestataire, Zach avait quitté l’Irlande et la rue et s’était installé dans un atelier marseillais.

Son épouse Aileen l’a trouvé mort dans son atelier, le crâne défoncé. Le vol semble être le mobile du crime, d’autant que certaines des toiles de Zach ont été retrouvées en vente au marché aux puces. Après que les receleurs ont été alpagués par les policiers, il leur apparaît bien vite que ces petits délinquants n’ont rien à voir avec le meurtre.
Clovis, qui commençait à s’ennuyer un peu après un hiver passé en solitaire, sans autre compagnie que celle de ses chèvres, éprouve le besoin de se mêler de l’enquête, pour aider son amie et amante occasionnelle Emma Govgaline, inspectrice de police.

Craignant l’accueil de la famille de Zach, Aileen demande à Clovis de l’accompagner en Irlande pour y enterrer son mari. Clovis y voit là une bonne opportunité d’enquêter sur le passé de Zach, qui s’est toujours montré très réticent à évoquer cette époque.
Clovis a déjà séjourné en Irlande pour divers reportages à l’époque des « Troubles », doux euphémisme pour qualifier une période où les deux camps se sont allègrement trucidés pendant trois décennies.

« Le granit sombre des croix celtiques surgissait des pelouses. Je retrouvais les traces rouges des mains peintes sur les tombes, les vieux drapeaux tricolores irlandais aux couleurs fanées par le vent, les plaques commémoratives, les bouquets vert, blanc et orange et, plus loin, la tombe très simple – toujours du marbre noir – que Bobby Sands partageait avec ses camarades Joe McDonnell et Terence O’Neill.
Non, décidément, Milltown n’avait guère changé depuis plus de trente ans. »

Lors de son séjour, Clovis va rencontrer plusieurs personnes qui ont connu Zach, chacune éclairant le personnage sous un jour différent – Nigel et Terry, les compagnons de lutte, Ghetusa la veuve de son frère Vortimer, contrainte à un éternel veuvage par la rigidité du clan, l’évocation de Breena, combattante féministe, qui aurait eu une relation avec Zach, avant d’être exécutée.
Tous ces personnages formidables ne représentent que quelques unes des nombreuses pièces du puzzle qui composait la société irlandaise à l’époque des Troubles.
« Chaque camp avait eu ses peintres, ses martyrs et ses héros.
Chaque camp avait désormais ses guides et ses balades. »…
« Depuis le début des temps, les nationalismes et les guerres de religion étaient à l’origine des grandes catastrophes humaines et des plus beaux massacres… En Irlande du Nord on avait fait fort en réussissant à conjuguer ces deux causes essentielles ».

Avec « Franco est mort jeudi » je découvrais la plume de Maurice Gouiran, sa façon directe d’aborder les épisodes méconnus de l’Histoire, et de montrer ce qui dérange, là où d’autres se contentent de détourner les yeux.
Dans ce roman il ne déroge pas à ses habitudes, et avec le même talent il nous raconte l’Histoire au travers d’une histoire.

Sur la base d’une enquête policière sur l’assassinat de Zach, artiste militant et résistant, il nous propose une réflexion profonde sur la révolution irlandaise, sur les multiples raisons qui ont conduit le peuple irlandais à se déchirer de la sorte. Loyalistes anglicans et républicains papistes se sont ainsi affrontés durant plusieurs décennies.
Il met l’accent sur la complexité de cette époque, où nuances entre les différents courants politiques, les frontières entre les nombreux groupes paramilitaires, se réclamant de l’IRA, n’étaient jamais clairement définies, et où le héros d’un jour pouvait se voir accusé de traîtrise et exécuté le lendemain.

Maurice Gouiran développe son intrigue, dans son style très incisif, avec une verve bien méridionale. Des bistrots marseillais aux pubs de Belfast, « où la mauresque cédait la vedette à la pinte de Guinness et le cagnard à la bruine », entre secrets et non-dits, il nous propose une lecture plus précise de l’Histoire, dans les méandres du dédale historico-politique que fut le conflit irlandais.

Et, encore une fois, à mon grand plaisir, je me suis laissé entraîner pour ce voyage en Irlande, qui fut un très bon moment de lecture.
Éditions Jigal, 2018

4ème de couv:

Lorsqu’on découvre le peintre Zach Nicoll, le crâne fracassé dans son atelier marseillais, son ami Clovis n’a qu’une idée en tête : aider Emma, en charge de l’enquête, à retrouver l’assassin.
Zach s’était illustré dans le street art avant de devenir bankable et de fuir Belfast vingt ans plus tôt. C’est donc en Irlande du Nord que Clovis va chercher ce qui se cache derrière ce crime.
Zach était l’un des artistes républicains auteurs des célèbres murals, ces peintures urbaines, outils de mémoire et de propagande.
Mais pourquoi avait-il quitté son pays juste au lendemain des accords de paix de 1998 ?
Ce sont des femmes, étonnantes et déterminées, toutes liées à Zach – Aileen, son épouse, Ghetusa, la veuve ad vitam aeternam de son frère, et Breena, combattante féministe au sein de l’IRA – qui donneront peut-être à Clovis les premiers indices…

L’auteur :

Maurice Gouiran est un écrivain français né le 21 mars 1946 au Rove (Bouches-du-Rhône), près de Marseille, dans une famille de bergers et de félibres.
Il passe son enfance dans les collines de l’Estaque, avant d’effectuer ses études au lycée Saint-Charles et au lycée Nord de Marseille, puis à la Faculté, où il obtient un doctorat en mathématiques.
Spécialiste de l’informatique appliquée aux risques et à la gestion des feux de forêts, il a été consultant pour l’ONU. Il enseigne également à l’université.
Depuis 2000, il a écrit de nombreux romans policiers, dont plusieurs ont été primés.

Roddy Doyle – La légende d’Henry Smart

Premier et seul de cette trilogie traduit en Français, ce roman de Roddy Doyle, plus connu pour sa précédente trilogie où il mettait en scène les petites gens du Dublin d’aujourd’hui, La légende d’Henry Smart nous donne à voir de l’intérieur le soulèvement Irlandais, de 1916 à 1921. Henry Smart, le héros, avatar d’Oliver Twist et de Gavroche, est un gamin des bidonvilles de Dublin, né en 1902 d’une mère adolescente perdue dans les grossesses à répétition et les fantômes de ses enfants morts, d’un père unijambiste videur de bordel et à l’occasion tueur à gages. Seul personnage positif de cette famille, la jeune grand-mère, personnage fantasque et grande consommatrice de littérature féminine. Pour s’évader du taudis où vit la famille, il devient naturel pour Henry de passer son temps dans les rues, où il survit plus qu’il ne vit. Mais il est doté d’une confiance en soi et d’un culot à toute épreuve, qui lui donnent toutes les audaces.

 « Là-haut, c’est mon petit Henry. Regarde. »
   Alors, moi, son autre petit Henry, assis à côté d’elle sur la marche d’escalier, j’ai regardé. J’ai regardé en l’air, et l’autre, je l’ai détesté. C’était moi qu’elle tenait, mais celui qu’elle regardait, c’était son petit garçon, un scintillement. Pauvre de moi, à côté d’elle, pâle et les yeux rougis, que seuls retenaient les coups de tête et les chagrins. Un ventre qui pleure d’être vide, des pieds nus et douloureux comme ceux d’un vieil homme, d’un très vieil homme. Moi, misérable substitut du petit Henry, le Henry que Dieu avait voulu garder pour lui tout seul, qui était trop bon pour ce monde. Pauvre de moi. »

Pauvre Henry, à qui ses parents ont donné le même prénom que son frère ainé décédé. On imagine sans peine la difficulté de construire une identité, pour lui qui dès son jeune âge se trouve rejeté par sa mère.
Dans les bidonvilles de Dublin, il s’élève tout seul, assumant la responsabilité de son jeune frère Victor, jusqu’à la mort de celui-ci, atteint de tuberculose.
« Mais moi, dès la seconde où j’y avais atterri, j’avais aimé la rue. L’action, le bruit et les odeurs – j’engloutissais le tout, j’étais affamé, il m’en fallait plus. Je recherchais une misère qui s’accorde à la mienne. J’étais chez moi dans les loques et la pénurie, dans la saleté et la faiblesse. Je faisais aussi connaissance avec d’autres nouveautés : la couleur, le rire, la pagaille et l’évasion. C’était fantastique. » 

A l’âge de neuf ans, Henry fait une rencontre qui changera le cours de sa vie : désireux d’apprendre, Victor et lui se présentent dans une école et font la connaissance de Mademoiselle O’Shea. Cette institutrice, séduite par la vive intelligence du jeune garçon, l’accepte dans sa classe pour quelques jours, le temps que la Mère supérieure s’aperçoive de leur présence et les jette dehors.
Quelques années plus tard, Henry retrouvera Mademoiselle O’Shea, qui joindra sa cause comme combattante de la liberté.

Quand débute la guerre d’indépendance, Henry est déjà bâti comme un homme, immense, précoce, il déborde d’une vitalité brute et d’une sexualité qui ne demande qu’à s’exprimer. Il devient docker, s’engage dans l’Armée Socialiste des Citoyens, et ensuite le mouvement Fénian (nationalistes irlandais). A peine âgé de 14 ans, il prend part à la prise de la Grande Poste Centrale, pendant les Pâques sanglantes, point de départ du soulèvement de 1916. Lors de la guerre d’indépendance qui s’ensuit, il devient un redoutable instructeur des combattants de la liberté, tueur de flics, et une légende républicaine.
Adulé des femmes et élevé au statut de héros populaire, on compose même des chansons à sa gloire.

Après des années de combats, exécutions sommaires, tueries et morceaux de bravoure, Henry finira par se rendre compte qu’il a été utilisé, lui qui croyait à la liberté, il se sera battu, aura assassiné au nom de son idéal. Ses supérieurs et ses compagnons de lutte, ceux-là même qu’il a formés, seront devenus de respectables MP (Membres du Parlement).

 « Toutes ces années, j’ai cru que j’étais un soldat, un guerrier même. Un nom de Dieu de bâtisseur de nation. Combattant pour l’Irlande. Et je l’ai été. Mais voilà la vérité maintenant. Les meilleurs soldats sont tous des hommes d’affaires. Il fallait fournir un motif à cette tuerie et à ces soirées prolongées, et ce motif, ce n’était pas l’Irlande. L’Irlande est une île, capitaine, une bonne dose de gadoue. »

Henry Smart n’a rien d’un garçon sympathique, même si l’on peut avoir à son égard un peu de sympathie, vu l’enfance misérable qu’il a vécue. Comme son père, il tue pour vivre, mais pas pour les mêmes motifs. Au cours du conflit et de son ascension dans le mouvement Fénian, il se rendra compte que le courage des hommes et la fumée des canons gomment les différences de classe, mais pour un temps seulement.

L’histoire est contée sur un rythme soutenu, scindée en chapitres aux allures de plans-séquences. Elle est en elle-même assez prenante, bien qu’il y ait quelques longueurs au milieu du roman, entre les descriptions des raids et les nombreuses allées et venues à vélo sur le « Sans croupe », pour ce commis voyageur de la révolution.
Du point de vue historique, l’auteur évite le piège du « politiquement correct », en ne prenant parti, ni pour, ni contre les nationalistes irlandais. On y croise des personnages réels, comme Michael Collins, mentor d’Henry, James Connolly, James Larkin, Patrick Pearse et sûrement bien d’autres, sous des noms d’emprunt.

Ce roman pose toutes les questions qu’Henry, et peut être même le lecteur se sont posées au long du roman : nous voyons Henry et les rebelles comme des combattants de la liberté, tuant pour une cause, plutôt que comme des tueurs de sang froid. Jusqu’à un certain point on pourrait affirmer que ce livre glorifie les actions des rebelles, justifie le meurtre de policiers, soldats et civils innocents, mais dans les dernières pages on assiste à un total revirement et nous voyons le roman pour ce qu’il est réellement.
C’est un livre qui aborde la moralité du meurtre politique, qui conteste et remet en question les actes ayant conduit à la création de l’état Irlandais. Nous réalisons, comme Henry, que les bâtisseurs du nouvel état ne se souciaient ni des pauvres et des affamés, ni des enfants des bidonvilles, ni d’Henry, mais simplement de se faire une place dans le monde.
Dans un style simple et direct, cet auteur résolument populaire qu’est Roddy Doyle, nous émeut, nous amuse aussi et parfois nous bouleverse, à travers ses descriptions de l’extrême pauvreté du peuple irlandais, de ces gamins tuberculeux qui meurent de trop de misère et de dénuement.
En même temps fresque historique et roman d’aventures moderne, il abat les mythes de la résistance irlandaise et renvoie dos à dos les saints et les martyrs.
Un très bon roman pour qui veut comprendre le processus d’un peuple qui se bat pour son indépendance.
Éditions Denoël, 2000.

4ème de couv:

Héros d’une truculente fresque irlandaise, Henry Smart naît avec le siècle et traverse l’Histoire, tel un météore.
Acte premier, Bas-fonds et Ventre creux : Fils d’un videur de bordel, pourfendeur de crânes (sa jambe de bois est l’arme la plus redoutée de tout Dublin), et d’une petite grisette de la fabrique de rosaires, Henry, gavroche de la tourbe, doit se débrouiller seul dès l’âge de cinq ans.
Actes deux, Idéal et Révolution : À quatorze ans, Henry s’enrôle dans l’armée de libération et devient héros républicain. Les femmes l’idolâtrent et la foule chante ses prouesses. Après la répression de Pâques 1916, il passe dans la clandestinité.
Acte trois, Terrorisme, Politique et Amour : Henry, chéri de ces dames, mène le combat pour la liberté avec sa compagne de lutte, Miss O’Shea. À vingt ans, par son héroïsme et sa vitalité, il entre dans la légende.
La Légende d’Henry Smart, premier volume d’une trilogie à venir, s’ouvre comme du Dickens pour s’achever comme du Tarantino.

L’auteur :
Roddy Doyle, est un auteur irlandais, né à Dublin en 1958. Il grandit à Kilbarrack, quartier populaire dans le nord de Dublin.
Après des études à l’University College de Dublin, il enseigne la géographie et l’anglais dans une école du nord de Dublin à partir de 1979.
Il écrit des romans, des pièces

Ses trois premiers romans formant la trilogie de Barrytown, The Commitments, The snapper et The van, seront salués par la critique et adaptés au cinéma où ils connaîtront le même succès.

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Nicolas Lebel – De cauchemar et de feu

A Paris, en 2016, à quelques jours du dimanche de Pâques, le groupe du capitaine Mehrlicht est appelé sur les lieux d’un crime. Dans un pub parisien, un homme a été abattu de trois balles, une dans la tête et dans les deux genoux. A l’autopsie, son corps recouvert de tatouages celtiques et des lettres IRA.

« Une balle dans chaque rotule… Alors j’ai creusé et j’ai trouvé : c’était la punition des traîtres, des balances, en Irlande du Nord : le knee-capping. Quand le type pouvait remarcher, il boitait pour le reste de ses jours, indiquant par sa démarche à tous ceux qu’il croisait qu’il avait trahi. Dans des cas plus graves, les victimes recevaient aussi une balle dans les coudes et dans les chevilles… puis dans la tête. » 

En plein état d’urgence, et avec la proximité du Championnat d’Europe de football, Mehrlicht fait un peu la grimace. De plus, on vient d’adjoindre à leur groupe une nouvelle stagiaire. Mehrlicht, qui a toujours opposé une vive résistance à l’accueil de stagiaires, lui impose un baptême du feu un peu « hard ».
« Pendant longtemps, la police avait été une histoire d’hommes. Si aujourd’hui il avait toujours un peu de mal à accepter que les femmes y fissent le même travail, Mehrlicht ne pouvait se résoudre à y voir entrer des enfants… Vingt-trois ans ! Tout à son indignation, il ne voyait cependant pas que c’était à cette « enfant » qu’il imposait une autopsie. »

D’autres victimes sont bientôt à déplorer, retrouvées carbonisées par des bombes au phosphore. Et à chaque fois la même signature, un bonhomme bâton, semblable à un dessin d’enfant, et une phrase en gaélique Ná dean maggadh fum (ne te moque pas de moi) comme un jeu de piste que laisse l’assassin. A cause de ce dessin, le tueur est surnomme le Far Darrig, ou bien le Croquefeu, du nom d’un lutin des légendes irlandaises.
Pour cette enquête sur des cellules terroristes irlandaises, ils reçoivent bientôt le renfort du superintendant Mick Tullamore, un expert du contre-terrorisme de Scotland Yard.
Nicolas nous dévide son histoire, alternant le présent à Paris, et l’Irlande du Nord, où cinquante ans plus tôt, une bande de gamins du Bogside, le quartier catholique de Derry, en butte à la ségrégation et aux restrictions des droits civiques, participait aux premiers défilés et manifestations, prémisses d’une violence qui connaîtra son apogée en ce tristement célèbre dimanche sanglant du 30 janvier 1972.

J’ai beaucoup appris sur ce conflit, d’une grande complexité, eu égard au nombre important de factions mises en cause. Didactique sans être barbant, l’auteur nous donne ici une belle leçon d’histoire contemporaine, au travers de l’évolution de ces jeunes gens, au sein de leur époque, et des chemins différents qu’ils seront amenés à prendre. Ses personnages, rencontrés au fil des romans, je les ai retrouvés comme des amis un certain temps perdus de vue, chacun d’eux avec sa propre histoire: le rigide Mickael Dossantos, exalté du code pénal, qui a du mal à se dépêtrer de ses errements de jeunesse, la rousse bretonne Sophie Latour, avec son amoureux « sans-papiers » et bien sûr le capitaine Mehrlicht, petit bonhomme malingre à la figure de batracien et aux dents jaunes, ennemi juré de Julien Lepers, « le « dandy frisottant de France 3 », « l’égérie des mamies », « celui qui, sans ses fiches, n’était rien », était devenu sa bête noire, son ennemi personnel, et la simple évocation de l’Infâme suffisait à déclencher chez Mehrlicht les foudres les plus sombres… »

Ce dernier, s’il peut être par moments odieux, persistant à imposer à tout son entourage la fumée de ses Gitane, cache sous ses dehors abrupts beaucoup d’humanité.
On voit l’évolution de la relation avec son fils, tous les deux éprouvant, de façon différente, le manque de la mère et de l’épouse disparue. A ce propos, il y a deux pages magnifiques sur le travail de deuil, très bien vu et très bien analysé. Elles m’ont laissé les yeux humides et la gorge serrée. Combien le simple rangement d’une armoire peut s’avérer être une épreuve insurmontable.

Nicolas Lebel franchit encore un palier avec ce roman. Son écriture est fluide, agréable à lire, et il conjugue avec bonheur l’humour (voir les saillies verbales qu’il prête à Mehrlicht, et le commissaire Matiblout qui aime citer les présidents de droite, y compris Hollande), et un ton beaucoup plus sérieux lorsque la situation l’exige. Ses chapitres en forme de compte à rebours horaire, donnent à son histoire une sensation d’inéluctable, de catastrophe annoncée.

Héritier naturel de Dard et Audiard, il allie à sa gouaille naturelle une solide connaissance de la langue française. Certaines expressions argotiques m’ont valu de me « creuser un peu le caberlot », pour ma plus grande joie.
Il donne aussi quelques coups de griffe envers les médias, qui dans leur souci de sensationnel et de taux d’écoute, en sont amenés à transformer en vedettes « des petits délinquants arrachés à leur anonyme médiocrité, soudain portés aux nues pour leurs exactions ».

Je vous dirai en conclusion que j’ai pris un très grand plaisir à lire ce roman, un méga kiff, comme disent les « djeuns ». C’est à mon humble avis le roman le plus abouti de l’auteur à ce jour. Je ne peux que vous recommander sa lecture.

M.P : Merci pour ta confiance, Nicolas.

Éditions Marabout, 2017.

Et pour rester dans l’ambiance:

 

4ème de couv :

Paris, jeudi 24 mars 2016 : à quelques jours du dimanche de Pâques, le cadavre d’un homme d’une soixantaine d’années est retrouvé dans un pub parisien, une balle dans chaque genou, une troisième dans le front. À l’autopsie, on découvre sur son corps une fresque d’entrelacs celtiques et de slogans nationalistes nord-irlandais. Trois lettres barrent ses épaules : IRA. Le capitaine Mehrlicht fait la grimace. Enquêter sur un groupe terroriste irlandais en plein état d’urgence ne va pas être une partie de plaisir. D’autant que ce conflit irlandais remonte un peu. Dans ce quatrième opus, Nicolas Lebel nous entraîne sur la piste d’un un assassin pyromane, un monstre né dans les années 70 de la violence des affrontements en Irlande du Nord, qui sème incendie, chaos et mort dans son sillage, et revient aujourd’hui rallumer les feux de la discorde à travers la capitale.

L’auteur :

Nicolas Lebel est linguiste, traducteur et enseignant.
Nicolas Lebel a fait des études de Lettres et d’anglais puis il s’est orienté vers la traduction. Il est parti en Irlande quelque temps avant de devenir professeur d’anglais. Il enseigne aujourd’hui dans un lycée parisien.
Il est aussi l’auteur de :
L’heure des fous (2013)
Le jour des morts (2014)
Sans pitié ni remords (2015)

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Gérard Coquet – Connemara black

Les lacs du Connemara de Gérard Coquet, ce n’est pas de la chansonnette à Sardou. Ça ne fait pas dans la dentelle… Ça peut être noir, tordu et sacrément vicieux.

Ciara McMurphy a quitté son village de Clifdén, au cœur du Connemara, après quelques mois d’un mariage aussi précoce que raté. Elle a quitté son village pour s’engager dans la Garda Síochána, la police de la République d’Irlande. Elle n’est revenue au pays qu’une fois, pour les funérailles de son amie d’enfance Jessica, proche des milieux nationalistes de l’IRA. Alors qu’une série de meurtres ébranle la ville de Galway, les premiers indices pointent vers les milieux nationalistes de Clifdén. En raison de sa connaissance du village, c’est à Ciara que le commissaire Grady confie le dossier.
 « – L’Enfer sur Terre !
En répétant cette phrase, elle prit conscience de son erreur. Ce coin de landes et de tourbières dont elle ne conservait que des souvenirs épars était celui de ses racines : la maison de Roundstone, les courses de chevaux sur la plage d’Omey, les moments de pêche à la mouche avec son père, sur les lacs de la route des Bogs. Elle aimait le vent, l’odeur de la marée, les rochers à la pointe d’Aughrus fracassés par l’océan, les doigts boudinés de Peter o’Toole glissant son bottleneck sur le manche crasseux de son Dobro, la mélodie d’une complainte au Boat Club, incertaine et cristalline, étouffant les discussions avant d’installer sa prière au fond du pub. C’était ça dont elle avait besoin. »

Dans les pas de la belle Ciara McMurphy, « plus revêche à apprivoiser qu’un poney des tourbières », Gérard Coquet nous convie au voyage dans une Irlande sauvage et âpre, dans des paysages d’une grande beauté naturelle, peuplé de gens d’une apparente rudesse, attachés à leur traditions. Ici, la magie et le surnaturel ne sont jamais bien loin du quotidien.
A Clifdén, terreau de nationalistes et de résistants, la population est bien peu encline à collaborer avec une représentante de la Garda, fut-elle originaire du pays. Mais Ciara, belle est sauvage comme une Connemara Black, est aussi têtue comme un âne, et n’est pas d’un tempérament à s’en laisser conter. Les mobiles et les suspects ne manquent pas, pas plus que les cadavres, qui s’accumulent avec une inquiétante régularité.
Parmi tous les gens de Clifdén, le vieux Zack McCoy, le père de son amie Jessica assassinée, semble être le seul à détenir les secrets qui lui permettraient de boucler son enquête. Mais lui pardonnera-t-il un jour d’avoir quitté les siens ?
« Zack s’était habitué depuis longtemps à l’idée de mourir. Par contre celle de partir avant d’avoir vengé Jessica lui était insupportable. Si Dieu lui ôtait ce privilège, la seule personne susceptible de mener à bien sa mission s’appelait Ciara McMurphy. Une garda ! La  vie était une vraie tartine de merde ! »
Des tourbières aux lacs du Connemara (bien sûr !), en passant par les rivières à truites et à saumons, l’auteur nous embarque dans une enquête particulièrement touffue, peuplée de personnages hauts en couleurs, des méchants mais aussi des bons, pour certains d’entre eux très attachants.
On imagine les senteurs de feux de tourbe, les arômes de whisky et l’ambiance animée des pubs, entre discussions sur les matches de rugby, de football gaélique, ou bien des courses de chevaux, au son des airs traditionnels de musique irlandaise comme Fields of Athenry, Dirty Old Town, Bed of roses, etc…
Le scénario est très bien structuré, l’écriture agréable et précise, pleine de poésie, avec de temps à autre un peu de légèreté de ton avec des expressions très imagées comme « con comme un saumon sans tête » ou bien « -Tu sais Blacky, la vie est une sacrée tartine de merde, et crois-moi, on n’est pas des mouches. » absolument réjouissantes.

En plus de l’indéniable qualité de son écriture, l’auteur s’appuie sur une solide connaissance du terrain, entretenue année après année par des sessions régulières de pêche au saumon. Il a aussi mis au service de ce roman un très gros travail de documentation sur les mythes fondateurs du pays comme « La razzia des vaches de Cooley », et sur les différentes composantes de la frange nationaliste (IRA et autres organisations).
Les amateurs de pêche seront également réjouis par sa connaissance du sujet, et nul doute que les noms de mouches, telles Connemara Black, Green Peter Olive, Ally’s Shrimp, Steelhead Highlander, Copper Killer, Black Ghost évoqueront pour eux des promesses de pêche miraculeuse.

On sent vraiment que Gérard Coquet a pris un grand plaisir à écrire ce polar tortueux, sombre et noir, et en même temps empli du romantisme et de la magie de la verte Erin.
Cela pour ma plus grande satisfaction et l’occasion  d’un très bon moment de lecture.

Éditions Jigal Polar, 2017

Pour rester dans l’ambiance :
avec « The star of the county down » de Loreena McKennit, une grande dame de la musique celtique.

4ème de couv :

La Connemara Black est une mouche artificielle permettant au pêcheur de ne jamais rentrer bredouille… C’est également le nom d’un ancien groupe armé de l’IRA, l’Armée Républicaine Irlandaise. Mais c’est aussi le surnom donné aux filles vivant dans cette baie, à l’ouest de l’Irlande. Elles sont souvent très belles mais plus revêches à apprivoiser qu’un poney des tourbières. Ciara McMurphy en est une. Après un mariage raté, elle a fui la région et s’est engagée dans la Garda, la police locale. Mais lorsqu’une série de meurtres balaie la ville de Galway, c’est elle que le commissaire Grady choisit d’envoyer sur ses terres natales afin de surveiller ce qui reste des indépendantistes. Et entre autres le vieux Zack, un chef de clan, un patriarche qui – entre terres désolées, légendes d’un autre temps, cimetières abandonnés et ex-combattants de tous bords – veille dans l’ombre… Mais sur quoi veille-t-il ?

L’auteur :

Gérard Coquet est né le jour anniversaire de la mort de Louis XVI… le 21 janvier 1956. Mais il jure encore qu’il n’y est pour rien. Issu d’une longue lignée de blanchisseurs, il passe son enfance avec sa jumelle à se cacher au milieu des draps séchés au vent. Puis dans un ordre aléatoire se succèdent le collège des Lazaristes, un diplôme d’expert-comptable, la guitare basse et la création de ses premières chansons. D’ailleurs, tout vient sans doute de là, l’écriture…
Après la reprise de l’entreprise familiale, il devient juge consulaire avant de créer récemment un cabinet d’archi. Ce qui ne l’a jamais empêché d’adorer la charcuterie, le gamay, le tablier de sapeur et la cervelle de canut ! Sauf bien sûr quand il se ressource en Irlande avec la pêche à la mouche et la Guinness.

Source : Éditeur Jigal

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Sam Millar – On the Brinks

On the Brinks4ème de couv.

On the Brinks est le récit d’une vie, écrit de telle manière que l’on croit lire un roman. L’enfance pauvre, dans les rues de Belfast, de ce catholique au nom protestant, fait penser aux pages de Burnside et de Frank McCourt. Son incarcération pour activisme révolutionnaire à Long Kesh avec les Blanket Men (prisonniers de l’IRA refusant de porter l’uniforme pénitentiaire anglais), dans des conditions qu’aucun humain ne devrait normalement supporter, renvoie aux textes d’Edward Bunker, avec un degré de déshumanisation en plus. Et l’épisode américain, partant des casinos clandestins pour aboutir en 1993 à l’accomplissement du magnifique casse du dépôt de la Brinks à Rochester, nous ramène à toute une tradition de films noirs remplis de gangsters, de trahisons et de fusillades. À ce détail près que Millar n’est pas un professionnel et que dans cette affaire célèbre (7,4 millions de dollars, le 5e vol le plus important de l’histoire des Etats-Unis), il s’est plutôt comporté comme Dortmunder, le voleur malchanceux et gaffeur créé par Donald Westlake. C’est un écrivain, qui sait maquiller la réalité et pratiquer l’ellipse quand c’est nécessaire.

 

Ce que j’en pense :

Quel destin que celui de Sam Millar ! Indomptable irlandais … Deux villes, deux vies, aussi extraordinaires l’une et l’autre. Sam a vécu une vie dure et haute en couleurs. Ce serait un excellent scénario de thriller, mais on the Brinks est essentiellement sa biographie, dans la période des « Troubles » depuis les rues de Belfast déchirées par les batailles contre les Orangistes, jusqu’aux trottoirs de New York, au milieu des années 80 et de mettre en place un des plus audacieux braquages de ces dernières années, une histoire qui donnerait matière à faire un blockbuster hollywoodien.

Son enfance fut marquée par le départ de sa mère, dépressive et suicidaire, qui après plusieurs tentatives avortée, finira par arriver à ses fins.
Ces années de jeunesse sont décrites avec beaucoup de sincérité, de conscience de soi sans sombrer dans le piège du misérabilisme ou de l’auto apitoiement.
Le « Bloody Sunday » de janvier 1972 à Londonderry, marquera le début de sa prise de conscience politique et déterminera son engagement dans l’IRA.
A dix-sept ans, il est condamné à 3 ans de prison à Long Kesh, pour appartenance à un mouvement contestataire, suivies un peu plus tard, d’une autre condamnation, à cinq ans.

« On était vendredi soir. J’aurais dû être au Star à boire une bonne pinte au son d’un orchestre épouvantable massacrant d’épouvantables imitations de Fleetwood Mac. Au lieu de ça, j’avais les couilles à l’air, le cul serti de chevrotines de goudron, et les balloches d’une méchante couleur magenta.
Et j’avais même pas encore atteint le Bloc. Putain, ça allait être un très long voyage dans la nuit. »

C’est lors de cette deuxième incarcération qu’il rejoindra « la rébellion », mouvement de contestation par lequel les détenus refusaient de porter l’uniforme de la prison, n’avaient pour tout vêtement qu’une couverture, d’où le nom de « blanket men ». Ces années de prison se déroulent dans des conditions dégradantes, inimaginables. Brutalités, tortures systématiques et actes de barbarie, l’homme est ravalé au rang de la bête. Mais selon les mots de Bobby Sands, un de leurs leaders charismatiques, mort en prison des suites d’une grève de la faim: « Ils ne me briseront pas parce que je porte dans le cœur le désir de liberté pour moi et pour le peuple d’Irlande. L’aube est proche, du jour ou tout le peuple d’Irlande manifestera ce désir de liberté. C’est alors que nous verrons la lune se lever. »

Il finira tout de même par être libéré de prison, au terme de sa peine et d’avoir survécu aux brutalités qu’il décrit sans en sortir brisé, et rester fidèle à ses idéaux en dit beaucoup sur la force de ses convictions et son désir de rester en accord avec lui-même et la cause en laquelle il croit.  « L’échange de bons procédés avait mis du temps à venir, mais maintenant qu’il était là, j’en jouirais aussi longtemps que possible. Jamais, depuis que Christian Fletcher avait dérouillé le capitaine Bligh à coups de chat à neuf queues, la justice n’avait été si douce. Pas un homme ne l’avait méritée autant que la Verrue Humaine, et j’en vins presque à croire en Dieu. »…
« Je n’ai pas pu résister à la tentation d’aller jeter un coup d’œil sur les matons ficelés dans leurs sous-vêtements, qui se serraient les uns contre les autres, terrorisés à l’idée de perdre la vie.
Notre terreur avait duré des années. La leur, seulement quelques minutes. Je me sentais frustré par la légèreté de leur châtiment et j’avais envie de l’aggraver. J’aurais pu aisément mettre le feu à la salle et laisser Dieu s’en occuper. Les innocents survivraient tandis que les coupables périraient. »

 En dépit de ces conditions de détention inhumaines, de ces sévices horribles,  difficilement imaginables dans un pays européen au XXème siècle, on se surprend à sourire, parfois même à rire franchement, ce récit étant parsemé de pépites d’humour (noir, bien sûr !).

On le retrouve ensuite à New-York, où il exerce comme croupier dans un casino, période pendant laquelle il va mettre au point le cambriolage du dépôt de la Brinks, que ses complices et lui exécuteront avec une déconcertante facilité, sans armes ni violence ou effusion de sang.
La suite sera plus compliquée et Sam n’aura pas le temps de profiter de son butin, dont la plus grande part n’a jamais été retrouvée.

Cette biographie, écrite comme un roman, se lit tambour battant. On saute d’un chapitre à l’autre sans temps mort, depuis les terribles années passées à Long Kesh, jusqu’à son séjour New Yorkais. Entre la brutalité de la vie carcérale, et l’épisode un peu rocambolesque du braquage de la Brinks, conté avec une bonne dose d’humour et d’autodérision, Millar nous offre toute une palette d’émotions. Le passage d’Irlande vers les Etats-Unis, est un peu escamoté, comme quelques autres aspects de la vie de Millar qui me laissent encore avec pas mal de questions sans réponse.

La première partie de ce roman, admirable de brutalité et de noirceur, nous expose sans fards jusqu’où peuvent aller le sadisme et la cruauté de certains hommes, et tout ce que peut endurer un homme avant d’être brisé. La deuxième partie, consacrée à son séjour à New York, au casse rocambolesque et digne d’un Westlake, est pour moi un ton en dessous.

Mais rien que pour cette première partie, c’est un sacré bon bouquin, à vous couper le souffle. Une biographie que tous les fans de roman noir se doivent de lire.

 Éditions du Seuil, mars 2013

 

 

 

 

 


 

Ken Bruen – Le dramaturge

1000596_713291188686802_336297109_n4ème de couv.

L’impossible s’est finalement produit. Jack Taylor ne se drogue plus, il ne boit plus. Même les clopes semblent parties en fumée. Il sort avec une femme qui est presque de son âge et s’il ne peut encore se considérer comme un citoyen ordinaire, il flirte avec cette illusion. Certains prétendent même qu’il va à la messe… Malheureusement, le monde autour de Jack, lui, n’a pas changé : deux étudiantes sont retrouvées mortes à quelques jours d’intervalle. Dans les deux cas, un exemplaire d’une œuvre de John Millington Synge est découvert sous le corps des jeunes victimes.

Très vite, sourd aux appels de sa raison qui lui dicte de faire demi-tour, Jack se met en chasse de cet assassin froid et calculateur. Alors que son passé s’apprête à resurgir et que l’Irak s’enflamme, Jack Taylor oscille à l’extrême bord du précipice…

Ce que j’en pense :

Encore une fois, Jack va se retrouver embarqué dans une enquête qui sera vite reléguée au second plan de l’histoire. On pourrait croire ce nouveau Jack assagi, sur les voies de l’abstinence, à laquelle a contribué l’arrestation de Stewart, son dealer.

Il a réussi à mettre un frein à toutes ses addictions, sauf les cinq cigarettes quotidiennes qu’il s’octroie. Et quand Stewart, depuis sa prison, demande à le voir, ce n’est pas au nom d’une quelconque amitié supposée. Il veut seulement l’engager pour enquêter sur la mort suspecte de sa sœur.

Il va bien vite se retrouver à nouveau face aux vieux démons du passé, pris dans l’engrenage d’une violence qu’il ne contrôle plus. Tabassé et abandonné de tous, il poursuit son chemin. Et alors qu’on le croit toucher le fond, il revient à la surface et avance, un pas après l’autre dans cette existence grise qui est la sienne au cœur d’une Irlande non moins grise.

En réalité, Jack ne mène pas d’enquête, ce sont les évènements qui le portent et s’imposent à lui au fil de son histoire quotidienne, faite d’abandon et de solitude, et de sa lutte permanente pour ne pas retomber dans l’alcoolisme. Jack, par son comportement suicidaire, a fait le vide autour de lui. Il ne lui reste plus que sa mère, qui se meurt dans un hospice sordide, qui hante ses pensées.

Par des voies souvent éloignées de l’enquête, et des détours dont il est coutumier, la solution de l’affaire finit par s’imposer à lui, presque par hasard.

Ce roman est d’une noirceur totale, désespéré, mais empreint d’une grande justesse de ton et transparaît au fil de chaque page l’amour que porte l’auteur à son antihéros, que l’on se surprend à aimer nous aussi, malgré tous ses défauts.

Qui aime bien châtie bien, dit-on. L’auteur a fait sien cet adage et termine son roman sur un dernier uppercut, qui envoie Jack au tapis pour le compte, et nous laisse nous aussi sonnés…