Laurent Scalese – L’ombre de Janus

Depuis quelques semaines, j’entends dire beaucoup de bien de Laurent Scalese et de son dernier bébé, « La voie des âmes ». Je connaissais peu de chose de l’auteur si ce n’est qu’il avait travaillé comme scénariste pour la télévision, notamment à travers la série Chérif. Alors, en attendant de m’engager sur cette  » voie des âmes », je vous propose ma vision de « L’ombre de Janus ».

Le Commissaire Paul Legac, chef de l’unité Avalanche, est convoqué par le préfet qui lui signifie le démantèlement de son service, en raison de leur bilan médiocre. Legac avait créé cette unité spéciale consacrée à l’étude et à la résolution des crimes violents deux ans auparavant. C’était une première en France. Ce groupe de travail faisait partie du SIR et comptait cinq éléments : une femme et quatre hommes.
Peu de temps après, on retrouve à Versailles une jeune femme assassinée et mutilée avec une rare sauvagerie. Le tueur a coupé et emporté sa langue et a signé son crime en lettres de sang sur le corps de la victime : le chiffre 5 et cette phrase, comme un défi lancé aux enquêteurs : »Vous n’arrêterez jamais Janus ! » L’enquête, au grand désappointement  de Legac, est confiée au commandant de police Favreau.

Le jour suivant, après un deuxième meurtre, selon le même schéma, le préfet est contraint de réactiver le groupe de Legac, à la grande colère de Favreau qui n’apprécie pas de devoir travailler avec ce flic « à l’américaine », dont il désapprouve les méthodes modernes.
« — J’ai une méthode de travail différente de la vôtre. Pour comprendre ce qui se passe dans la tête de l’assassin, je me mets dans sa peau, j’essaie de penser comme lui. Cela peut vous paraître stupide, voire dérangeant, mais c’est une étape indispensable à la compréhension du crime. »
Janus défie la police, en particulier Legac qu’il considère comme seul adversaire à sa mesure, en jouant avec lui, lui adressant des énigmes à résoudre. Janus, le dieu romain, représenté par deux faces sur une même pièce, présent et avenir, symbolise la dualité qui peut exister dans chaque individu, le bien ou le mal, ou bien même la référence à deux personnes, le maître et l’élève, agissant dans un même but.

januspièce« Vêtus d’oripeaux, conspués par une population qui n’a plus confiance en eux, les justiciers modernes sont payés une misère pour nettoyer les rues et se coltiner les vices d’une humanité qui ne cesse de régresser. Trop souvent, la violence urbaine les oblige à agir avant de réfléchir. »
Les policiers représentés ici ne sont pas des surhommes, simplement des personnes qui ont à cœur de remplir leur mission du mieux possible. Les personnages sont tous d’une grande humanité, avec leurs qualités et leurs défauts, leurs souffrances et leurs joies, comme le commun des mortels.

L’auteur apporte également un grand soin à la psychologie de ses personnages, notamment à la rivalité exacerbée entre Favreau et Legac, sorte de querelle entre anciens et modernes.

L’auteur joue avec brio de tous les codes du thriller, avec un tueur en série d’une intelligence redoutable, à l’esprit retors, qui profite de la rivalité entre les deux officiers pour se jouer d’eux à sa guise. L’auteur nous manipule à travers un scénario jalonné de multiples fausses pistes et rebondissements, allant jusqu’à nous servir dès le premier tiers de l’histoire un coupable qui, forcément, n’est pas le bon. Ce qui permet à Janus de continuer à tuer, dans un suspense grandissant. Et pour finir, son identité, sur laquelle j’avais ma petite idée, nous est révélée, dans un dernier chapitre vraiment surprenant.
En conclusion, un très bon moment de lecture.

Éditions Pygmalion, 2001

4ème de couv:

Janus1Versailles : une région empreinte d’histoire, d’art, de beauté… et d’horreur. Car lorsque le corps mutilé d’une jeune femme est retrouvé, c’est le choc. Surtout que l’assassin lui a coupé la langue avant de signer son crime en lettres de sang sur la peau de sa victime.
Une seconde est bientôt découverte, au grand dam du commissaire Legac que le meurtrier prend bientôt comme porte-parole, lui adressant de macabres charades dont dépend la vie des femmes suivantes. Très rusé, celui qui se fait appeler Janus semble posséder un esprit retors et pervers, ainsi qu’une manière bien particulière de manipuler victimes et enquêteurs.
Forcé de collaborer avec le commandant Jacques Favreau – les deux hommes se détestent cordialement – conscient que le temps joue contre lui, le commissaire Legac parviendra-t-il à mettre un terme à la sordide carrière d’un serial killer pas comme les autres ?

L’auteur :

scalesePassionné par le roman noir des années 1930-1940 et le cinéma anglo-américain, Laurent Scalese est aujourd’hui un scénariste reconnu pour le cinéma et la télévision. Auteur de romans policiers à succès, il a publié Le Samouraï qui pleure, L’Ombre de Janus, Des pas sous la cendre chez Pygmalion et, chez Belfond, Le Baiser de Jason, prix Sang d’encre des lycéens 2005, Le Sang de la mariée (2006) et La Cicatrice du diable (2009).
Il est réputé pour ses romans rythmés, au dénouement surprenant. Avec son deuxième roman L’Ombre de Janus, il a contribué à renouveler le thème du serial killer.
Son dernier roman « La voie des âmes« , qui vient de paraître en 2015 chez Belfond, semble promis à un bel avenir.

19 réflexions sur “Laurent Scalese – L’ombre de Janus

  1. Mon ami Vincent,
    Si je puis me permettre et je me permets, je te recommande « La cicatrice du diable » que j’ai particulièrement aimé. Dans un échange de mails, Laurent m’avait confié que ce roman-là représentait pour lui un tournant, c’était en tous les cas un roman qui lui tenait particulièrement à coeur. Je dois vérifier s’il est toujours dans mes rayonnages un peu désordonnés. S’il y est, je te préviens et je te l’envoie. Amitiés.

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    • Mon ami Jean, tu peux te permettre, et tu sais combien je suis sensible à tes avis. Mais ne te mets pas en peine pour moi, je peux le commander à ma Bibli, dont je suis le responsable, je commande ce que je veux. Sinon, j’ai l’occasion de lui prendre lorsque je le verrai à St Maur.
      Encore merci. La bise l’ami… 🙂

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