David S. Khara – Le projet Shiro

Après le projet Bleiberg où l’auteur évoquait les recherches des médecins nazis pour créer une race de surhommes, les « Übermensch”, on retrouve l’un des cobayes de cette expérience, le patient 302, Eytan Morgenstern. Victime de ces manipulations génétiques, il ne vieillit pas et conserve une apparence de trentenaire. Il s’engage donc auprès du Mossad pour des assassinats ciblés et devient une redoutable machine à tuer.

Au début du roman, en 1957, Base de Fort Detrick, Maryland. Un accident dans un laboratoire de virologique de type P4, ultra-sécurisé, entraîne la mort de toute l’équipe de chercheurs.
De nos jours à Pardubice, en République Tchèque, Branislav Poborsky, un jeune journaliste, se rend en weekend quand il est arrêté sur la route par des militaires, lui enjoignant de faire demi-tour, car la route est barrée, sans lui donner plus d’explications. Guidé par son instinct de journaliste, il revient sur ses pas, pour prendre son appareil photo et photographier l’endroit, un spectacle de cauchemar:
« Les trottoirs étaient jonchés de cadavres. Hommes et femmes gisaient à même le sol dans des positions improbables. Seuls restaient debout quelques cabas remplis de provisions fraîchement achetées au marché hebdomadaire de la place centrale.
Dans la rue principale traversant le centre bourg, il avisa des voitures immobiles, dont les moteurs tournaient encore. Conducteurs et passagers demeuraient inertes dans ce que Branislav assimila à des cercueils en carbone. Un frisson lui parcourut le dos. Il fut pris d’une envie de vomir qu’il ne put contenir…
Deux hommes en combinaison blanche, portant de volumineuses valises, enjambaient les corps. Leur démarche lente et leur allure empruntée évoquaient les images d’astronautes évoluant à la surface de la lune. »

Suite à l’enlèvement de son mentor Eli Karman, Eytan, qui prenait un peu de repos sur son île irlandaise, se voit contraint de travailler pour le Consortium, qu’il combat habituellement, avec comme collaboratrice imposée Elena, une tueuse surentraînée qui a juré de le tuer.
De Pardubice à Prague, à travers les forêts de Bohême et jusqu’à Tokyo, cet improbable duo va tracer sa route, au prix de quelques plaies et bosses, un peu d’hémoglobine et quelques cadavres, pour remonter jusqu’aux détenteurs de ces souches virales.

 « Voyez-vous, monsieur Morg, je suis toujours stupéfait de voir l’opinion publique s’offusquer des risques liés au nucléaire alors que, dans l’indifférence générale, des chercheurs manipulent au quotidien des micro-organismes susceptibles de décimer la planète entière. »
David S Khara, met ici le doigt sur un problème particulièrement important, tout aussi dangereux que l’omniprésence du nucléaire. Il se base sur des faits historiques réels, comme l’ unité 731, de l’Armée Impériale du Japon, basée à Kwantung, en Mandchourie occupée, dans laquelle le docteur Shiro Ishii, se livrait à des expériences sur des cobayes humains.

La narration est particulièrement plaisante à suivre, même si le déroulé de l’intrigue effectue de fréquents retours en arrière, ils ne cassent en rien le rythme et sont essentiels pour la compréhension de l’histoire, et les motivations des personnages. On découvre ici l’étonnant « lien filial » qui relie Eytan à Eli Karman.
L’essentiel du roman ne se situe pas que dans l’action pure et dure. « Le thème central est la résistance et c’est-ce qui fait la grandeur de l’homme. » confiait David S Khara.

Les personnages des deux héros sont tout à fait intéressants dans leurs ressemblances et leurs différences : Ce sont tous deux des combattants d’exception, prêts à tuer sans états d’âme, mais làoù Eytan, peut être amené à avoir à certains moments un peu d’humour et d’empathie, Elena, elle, montre une absence totale de sentiments, une froideur terrifiante.
Leurs épreuves en commun lui adouciront-elles un peu le caractère? Rien n’est moins sûr.

Les aventures de cet duo sont menées tambour battant, on ne s’ennuie pas une seconde à la lecture de ce roman, divertissant en diable, mais instructif aussi, par son éclairage sur certains épisodes de l’histoire récente, jusqu’alors peu connus du grand public.
Je recommande sans réserve et maintenant, cap sur « Le projet Morgenstern » !

Pour plus de précisions sur ce sujet de la guerre bactériologique, je vous invite à lire cet excellent article de Frank Brunner :
http://www.interet-general.info/spip.php?article53

Éditions Critic, 2011

4ème de couv.

ShiroHabitué à abattre ses ennemis de sang-froid, l’agent du Mossad Eytan Morg est sur la brèche. Son mentor a été enlevé et son seul espoir de le retrouver est de s’allier avec sa plus grande rivale. Du Maryland à Tokyo en passant par la République tchèque, à l’heure ou le présent semble prêt à répéter les erreurs du passé, s’engage un combat à la mesure de l’Histoire…

« Le Projet Bleiberg explorait les conséquences des recherches scientifiques folles des nazis. Khara se penche aujourd’hui sur les atrocités commises par les Japonais en Chine et dans le Pacifique […] C’est haletant à souhait. »


L’auteur:

david-s-khara-6444David S. Khara, né en 1969 à Bourges, est un écrivain français.
Il vit en Bretagne depuis les années 1980, période à partir de laquelle il découvre les grands classiques de la littérature au cours de sa scolarité au lycée Émile-Zola de Rennes. Après des études de droit et un passage dans le notariat, il devient journaliste à l’AFP, puis concepteur rédacteur publicitaire au sein du groupe RSCG avant de fonder en 1993 son entreprise de communication dans laquelle il a travaillé 16 ans, avant de se retirer en 2009 pour devenir écrivain « à temps plein ».
Le projet Shiro est le deuxième volet de la trilogie des Projets, qui compte également « Le projet Bleiberg » (1) et « Le projet Morgenstern » (3)
Également auteur des « Vestiges de l’aube ».

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