Deux mains gauches sont découvertes dans les entrailles d’un sanglier abattu à la chasse. Vingt ans plus tôt, c’étaient des chiens sauvages échappés du zoo qui déchiquetaient les corps…
Et il ne fait pas bon s’attarder dans les bars : une femme mystérieuse — pute ou pas pute ? — attire plusieurs hommes de la ville dans ses filets , puis s’offre à leurs dépens des séances de torture raffinées avant de les achever.
Le soin de démêler les fils sanglants de cette série macabre échoit à Karl Kane, détective privé cabossé par la vie et hanté par un drame digne d’un fantasme de James Ellroy.
Et ce n’est pas la police qui va l’aider.
L’humour noir, très noir, mais cultivé, de Sam Millar est de nouveau présent dans ce premier volet d’une trilogie policière pas comme les autres.
Ce que j’en pense :
Attention aux âmes sensibles ! Dès le prologue de ce roman, vous pénétrez dans le monde violent et graveleux de Sam Millar. Une jeune femme est agressée par quatre, peut-être cinq hommes, tabassée, violée et sodomisée à tour de rôle et laissée pour morte.
Karl Kane, détective privé, après avoir accepté une affaire relativement simple et lucrative, se trouve pris dans une enquête sur une série de meurtres, commis par une femme particulièrement inventive dans l’exercice de donner la mort avec un maximum de souffrances pour la victime. Ses connaissances dans les bas-fonds de Belfast lui fournissent bien des orientations, mais en même temps l’amèneront à se trouver embringué dans une spirale de morts violentes.
Karl Kane n’est pas l’archétype du détective dur à cuire. Hanté par le meurtre de sa mère alors qu’il était enfant, il éprouve toujours la culpabilité de n’avoir pu faire condamner le coupable. C’est vraiment un privé atypique. Il n’est pas à l’aise avec les armes, ne fait plus le coup de poing depuis l’école primaire. Il est de plus, ce qui n’est pas très sexy, affligé d’hémorroïdes qui le font cruellement souffrir. Il est également porté sur l’alcool et le tabac. Sa relation avec Naomi, beaucoup plus jeune, lui apporte un certain équilibre.
Le scénario dans lequel navigue notre héros, entre la violence brute des meurtres dont la préparation minutieuse et la sauvagerie laissent supposer un mobile plus personnel et des racines plus profondes, et ses relations pour le moins tendues avec les services de la police, qui ne sont pas des modèles de probité, ne vont pas sans quelques frictions. Ses personnages évoluent dans une Irlande ou la violence semble être perçue comme un état ordinaire, et où le quotidien laisse peu de place à l’espoir ou la rédemption.
L’écriture de Sam Millar, particulièrement tonique, sacrifie volontiers aux codes du roman noir, dans une ambiance souvent macabre et un humour féroce, humour qui vient tempérer la crudité, pour ne pas dire plus, de certains passages, déconseillés aux estomacs délicats. Échantillon de cet humour, le passage relatant la consultation chez le proctologue pour ses hémorroïdes, et la conversation téléphonique à double sens est un grand moment.
L’histoire est menée à bon train, les cadavres s’additionnent, comme autant de jalons qui mèneront notre détective, de manière un peu désordonnée, vers une conclusion forcément surprenante. Mais cette conclusion laisse encore des questions en suspens, au sujet desquelles on se doute que les deux volets suivants de la trilogie apporteront les réponses.
En conclusion, un bon moment de lecture et j’attends de retrouver Karl Kane dans ses prochaines enquêtes pour lever toutes mes interrogations.
Éditions Seuil Policier 2014
L’auteur :
Né à Belfast il y a une cinquantaine d’années, Sam Millar a été prisonnier politique dans les geôles infâmes de Long Kesh, puis de droit commun aux États-Unis pour avoir conçu et réalisé le 5e casse le plus “cher” de l’histoire américaine. Gracié par Bill Clinton, il est revenu s’installer dans sa ville natale où, devenu écrivain à part entière, il a écrit son autobiographie On the Brinks, deux romans noirs (Poussière tu seras, Points 2013 et Redemption Factory) et la série policière Karl Kane.
Je n’ai lu qu’un seul Millar, Poussière tu seras, que je n’avais vraiment pas aimé.
Je sais que comme toi beaucoup en parlent en bien, je réessayerai un jour 😉
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Il faut que je lise « On the brinks », roman largement autobiographique. Il paraît qu’il est géant.
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Bien aimé pour ma part, même si ce n’est sans doute pas son meilleur. As tu lu in the brinks ( je crois que c’est le titre car moi et l’anglais ca fait deux!) . Si ce n’est pas le cas fonce car quand tu sais que c’est autobiographique tu te dis que ce gars là à eu une vie digne d’un film hollywoodien !! 🙂 A bientôt mon ami !
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Ami Souriceau, tu es le nième à me faire de la promotion pour « On the brinks ». Il fait partie des titres que je me promets de lire pour très bientôt.
Il est vrai que ce Sam Millar a eu une vie particulièrement riche et mouvementée… C’est le moins que l’on puisse dire…
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J’ai été bouleversée par « On the Brinks » qu’il faut lire absolument pour comprendre le personnage et la noirceur de ses romans. Je poursuivrai volontiers ma découverte.
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« On the brinks » est prévu au programme chère amie… Reste à le caser dans l’emploi du temps… 😉
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Mon ami Vincent,
Pas encore lu ce premier volet de cette trilogie, cela viendra. En revanche, lu Redemption Factory et On the brinks, Le premier est d’une tonalité toute particulière (beaucoup aimé) et le second est extraordinaire dans sa première partie, selon moi. Le volet US fait penser un peu à un épisode de Dortmunder de l’immense Donald Westlake. Amitiés.
PS: pense à ralentir le rythme de tes parutions, sais plus suivre. 😉
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Mon cher Jean, je te promets de me reposer un peu, la fin de l’année me réserve pas mal d’occupations annexes, les chroniques en pâtiront certainement.
A bientôt. La bise, l’ami… 🙂
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Merci beaucoup.
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You are welcome, my dear… 🙂
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Et bien, ça commence bien pour cette femme
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C’est le moins qu’on puisse dire… 🙂
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Par derrière en plus… brrrrrrr
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